A long time ago, in a galaxy pas far away, lives Leeloo, une meuf qui écrit des trucs avec des mots dedans. Sauf que là, encore une fois, elle avait pas écrit depuis longtemps ! Comme toujours, elle avait plein de (bonnes) raisons pour expliquer son absence !
La Dame de la Mairie
Parce que je suis toujours en quête de nouveaux défis et surtout parce que j’arrive en fin de droits chez Paul Emploi, je me suis lancée dans l’apprentissage d’un nouveau métier : secrétaire de mairie. J’en suis arrivée là absolument par hasard, en répondant à une offre d’emploi dans une mairie, pour laquelle je n’ai pas été prise. Malgré tout, la DGS de la-dite mairie en a profité pour me dire que si je cherchais du boulot, je devrais aller jeter un œil du côté d’une formation délivrée par le Greta et la Région, parce que « des secrétaires de mairie, on en manque dans le département et il y a des postes à pourvoir ! » Le hasard a fait que deux jours plus tard, il y avait une réunion d’information collective au sujet de la-dite formation, à laquelle je me suis rendue.
Je suis entrée en formation pour 6 mois début octobre 2023. « Se former au métier de secrétaire de mairie » n’est pas de tout repos figurez-vous. J’ai retrouvé les joies des journées de cours de 8h30 à 17h, les repas au self avec les camarades de classe, la prise de notes, les cours où je ne comprends pas tout tout de suite… Ça me remet dans une position d’apprenante que je n’avais pas occupé depuis longtemps et c’est à la fois intéressant mais aussi perturbant. Je redeviens cette bonne élève qui veut toujours tout comprendre du premier coup, qui a du mal à ne pas être la plus forte en quelque chose, qui doit, maintenant qu’elle est adulte, apprendre à reconnaître ses faiblesses et TRAVAILLER pour les surmonter, pas seulement se reposer sur ses « facilités », ne pas seulement compter sur la chance pour réussir, comprendre et apprendre.
Je n’ai clairement pas/plus l’habitude de cela et ça me demande une énergie folle.
Évidemment qu’on n’a pas la même capacité d’apprentissage quand on a 40 ans que quand on en a 15 ou 20. Je me rends compte maintenant à quel point j’ai pris mon éducation à la légère, à quel point je me suis reposée, laissée porter, laissée glisser pendant mes années collège et lycée, à quel point j’ai été une dilettante pendant toute mes années d’études universitaires…à quel point j’aurais peut-être pu apprendre plus, apprendre mieux, apprendre vraiment les choses que j’étudiais plutôt que de simplement faire acte de présence et d’intérêt pour avoir des notes satisfaisantes. Je n’ai pas vu plus loin que le bout de mon nez pendant toutes ces années et aujourd’hui je me dis que j’ai clairement merdé à ce niveau-là. Je ne vais pas refaire le match, je ne vais pas réécrire l’histoire, mais je constate simplement à quel point mon insouciance m’a desservi. J’aurais dû faire plus attention, être plus impliquée, avoir conscience de mes buts et de mes envies au lieu de me laisser porter par l’air du temps et les gens qui m’entouraient. Je n’ai pas spécialement été maîtresse de ma destinée alors que j’aurai pu tenir le volant moi-même au lieu de le confier à je ne sais quelle entité qui était sensée me guider. Je n’avais pas encore compris que c’était à moi de faire le travail et que c’était à moi de faire des choix autres que ceux de la facilité.
Tant pis, tant mieux, si je suis celle que je suis aujourd’hui c’est aussi grâce à cela.
The Artist’s Way
En parallèle, je me suis relancée dans le programme de Julia Cameron qui s’appelle « The Artist’ts Way ». Pour la petite histoire, TAW est un livre que Cameron a écrit et publié pour la première fois dans les années 80 je crois, qui sert de guide pour retrouver le chemin de la créativité aux artistes en blocage (je fais de gros raccourcis mais vous voyez l’idée). J’avais déjà tenté de suivre ce programme de 12 semaines une première fois vers 2020, pendant le confinement je crois, mais je n’étais pas allée au bout. Là, j’ai eu envie, non, besoin de m’y replonger parce que je n’écris plus « normalement » depuis trop longtemps et que ça me pèse. Vous avez pu le voir ici, je ne poste rien de régulier, rien de « créatif » depuis longtemps. Et puis, à un niveau plus personnel, ça me pèse de ne plus écrire, ça me fait du mal, je me sens prisonnière de moi-même et j’en ai assez de me sentir comme ça. Alors j’ai ressorti le bouquin et le cahier d’exercices, et je me suis donnée comme objectif d’aller au bout du truc. Ça fait 8 semaines que je le fais maintenant [NDLR : quand j’ai écrit ce post avant d’oublier de le mettre en ligne…], avec plus ou moins de régularité et plus ou moins de difficulté mais ça me permet de me confronter à ce qui bloque et pourquoi ça bloque.
Une des bases du programme c’est d’écrire trois pages tous les matins dans un cahier. Trois pages de n’importe quoi, de blabla, de vomis mental, de fouillis pour libérer son esprit de ce qui le perturbe de trivial et retrouver l’espace mental pour créer. C’est à la fois très basique et très simple mais aussi quelque chose de très difficile à faire parce qu’on trouve toujours une raison de ne pas se poser pour écrire trois pages le matin. Jusqu’ici j’ai quasiment réussi à le faire tous les jours mais j’avoue que certains matins, je ne prends pas le temps, j’écoute ma flemme/procrastination et je zappe, je suis en retard, je suis pressée, je suis fatiguée et je ne le fais pas.
Cependant, ce matin [NDLR quand j’ai écrit le post que j’ai oublié de publier, tu commences à comprendre], je l’ai fait, et ça m’a permis de réaliser quelque chose à propos de mon blocage autour de l’écriture. J’ai envie de vous le partager alors, même si on n’est pas sensé partager ce qu’on met dans ses pages du matin, je vais le faire. Ça me parait important de l’ancrer/encrer ici aussi.
Je vous copie le texte tel que je l’ai écrit. C’est en franglais parce que… je sais pas, c’est sorti comme ça. Je traduirai en français pour celleux qui ne sont pas à l’aise.
Je sens que c’est là, prêt à dégueuler, prêt à jaillir, mais quelque chose, moi, bloque le passage et empêche mes doigts de glisser sur le clavier et raconter ce qui me passe par la tête. Je me censure sur mes propres plateformes ! Je m’interdis de partager car je sais/crois que je ne suis pas lue ni écoutée !
How self-centered, how childish is that ? It’s like, « no use to talk if nobody listens ». But, no, this is not how any of this works ! I need to let my inner child talk, even if no one listens. I am listening to myself and this is already amazing and useful. (…) Anyway, I was saying something about writing even though nobody reads and how it became a problem the past few years when I realized some people read and liked what I wrote. I guess I became addicted to praise (no shit Sherlock) and then I started to value my writing, to view it only through the lense of it being liked by someone. It was only useful if someone told me they liked it, if it got a « heart » on Instagram, a comment on Facebook or any external response from someone, anyone, especially people I didn’t know, because that meant I gained range, exposure, « fame ». But this is bullshit. I don’t get as much reaction as I want, so I get bored and discouraged and feel like shit and, inevitably, I stop writing. And inevitably, I lose the small « range » or exposure or support I have because I don’t share anything anymore. And I get mad because I don’t feel supported but what would they support anyway ? I don’t publish anything, it’s logical that they don’t send me messages. I don’t talk. I won’t get praised for being silent. This is not how it works. I just have to write for me first. Inner dialogue. Inner thoughts. Inner stories. From myself to myself. For fun. I don’t have to get praises, applauses, likes for my art. I mostly need to make it. THIS is what is going to make me happier, DOING it. Not being congratulated for it. Who cares ? This is the result and I actually love the process. That’s what is benefiting for me. Creating. Writing. The actual movement of the pen on the paper, of the fingers on the keyboard. Just like my voice creates waves of air when I talk, my hand writes the notes, my fringers play the partition on the computer, giving life to the music of my soul.
Mais comment c’est auto-centré et puéril ! C’est comme si je me disais, « pas la peine de m’exprimer si personne ne m’écoute ». Mais c’est pas comme ça que ça marche ! J’ai besoin de laisser mon enfant intérieur s’exprimer, même si personne ne l’écoute. Moi je vais l’écouter et c’est déjà important et utile. (…) Donc, je disais quelque chose à propos du fait d’écrire même si personne ne me lit et à quel point c’est devenu un problème ces dernières années, quand j’ai réalisé que des gens me lisaient et aimaient ce que j’écrivais. Je pense que je suis devenue accro aux louanges (sans dec’) et à partir de là, j’ai commencé à donner de la valeur et voir l’écriture par le prisme de ce que les autres allaient en dire. C’était utile seulement si quelqu’un me disait qu’il aimait ce que je faisais, seulement si j’obtenais un like sur Instagram, un commentaire sur Facebook ou toute autre réponse extérieure de quelqu’un, n’importe qui, et particulièrement des gens que je ne connaissais pas, car ça voulait dire que j’avais gagné de la portée, de l’exposition, de la « célébrité ». Mais c’est de la merde comme raisonnement. Comme je n’obtiens pas suffisamment de réactions à mon goût, je m’ennuie, je me décourage, et je me sens comme une merde et inévitablement, j’arrête d’écrire. Et inévitablement, je perds la petite « portée » ou l’exposition ou le soutien que j’avais parce que je ne partage plus rien désormais. Et je suis en colère parce que je ne me sens plus soutenue mais pourquoi me soutiendrait-on ? Je ne publie rien, c’est logique que je ne reçoive pas de message. Je ne parle pas. Je ne serai jamais félicitée pour mon silence. C’est pas comme ça que ça fonctionne. Je dois simplement écrire pour moi d’abord. Dialogue interne. Pensées internes. Histoires internes. De moi à moi. Pour le plaisir. Je n’ai pas à être félicitée, applaudie, aimée pour mon art. Je dois surtout le faire. C’est ÇA qui va me rendre plus heureuse, FAIRE les choses. Pas être félicitée pour elles. Peu importe. C’est le résultat et moi, c’est le processus qui me plait au fond. C’est ce qui est bénéfique pour moi. Créer. Écrire. Le mouvement concret du stylo sur le papier, des doigts sur le clavier. Tout comme ma voix créé des ondes d’air quand je parle, ma main écrit des notes, mes doigts jouent la partition sur l’ordinateur, et ça donne vie à la musique de mon âme ».
Ça fait du bien de le dire, de le lire, de le laisser sortir.
Vous n’imaginez pas à quel point.
La Quête
En parallèle de ce parallèle, j’ai aussi participé à un bootcamp destiné aux « créateurs ». Je mets des guillemets parce que ça englobe tout un tas de définitions. On est environ 90 illustrateur·ices, auto-entrepreneur·euses, graphistes, auteur·ices, freelances en devenir ou déjà installé·es dans des domaines divers et variés à participer à cet atelier en ligne qui dure deux mois. Il a été construit sous forme de jeu, une quête durant laquelle on va traverser divers mondes plus ou moins difficiles à passer, dans lesquels on va se confronter à nos démons intérieurs, des démons parfois très concrets comme ceux de la stratégie ou du choix de nos tarifs, ou d’autres plus internes comme ceux de nos peurs et de nos pensées limitantes. Le but est, qu’à la fin du voyage, on en ressorte grandi·es, avec une idée plus claire de notre activité créative.
Je m’y suis inscrite car j’envisage de développer mon activité de freelance de la communication digitale depuis que j’ai travaillé pour un ami producteur de jeux vidéos (coucou Michel) pendant l’été mais je ne sais pas encore comment articuler ça entre l’écriture, la communication, le web, le copywriting, l’art à proprement parler, mes diverses envies de création etc… Que choisir ? Que proposer ? Qu’est-ce qui peut me différencier des autres ? Qu’est-ce qui fait ma spécificité ? Quelle est ma mission ? Ma voix ? Ma méthode ? À qui j’ai envie de m’adresser ? Bref, j’ai beaucoup de questions auxquelles je ne sais pas répondre et qui m’empêchent d’oser me lancer, d’oser prospecter des clients et proposer mes services. À part « j’ai 15 ans d’xp dans la com, donne l’argent », je n’ai pas encore conscience de ma plus-value et de ce qui pourrait être un argument vendeur pour un client potentiel. La Quête doit m’aider à tirer tout ça au clair et m’apprendre des méthodes pour avancer dans le réel, dans le concret et pas seulement dans l’idée, le fantasme et l’envie de.
C’est un voyage introspectif assez intense, qui demande du temps, et c’est difficile pour moi de le faire aussi sérieusement que je le voudrais parce que je suis en cours toute la journée, que le soir quand je rentre, je suis crevée et que j’ai qu’une envie, c’est de me poser et roupiller. Je sais que ça va m’être bénéfique alors je lutte contre moi-même, contre mon envie de céder à la facilité de faire l’autruche, de procrastiner et de repousser le tout sous le tapis et j’avance, doucement mais sûrement, par petits pas, sur le chemin de cette Quête.
On est réparti·es en plusieurs guildes pour avoir un groupe de soutien et de responsabilité, pour se soutenir et s’entraider et c’est vraiment chouette cet aspect. Je suis avec 5 autres personnes qui ont des profils à la fois proches du mien mais aussi très différents. Deux architectes – une qui veut devenir « sorcière-bricoleuse » et l’autre qui veut redéfinir son activité de designer d’intérieurs pour le bien-être de ses client·es, une fleuriste/astrologue (cœur avec les mains sur mon Soleil en Gémeaux), une copywriter ex-secrétaire de mairie avec qui j’ai beaucoup trop de points communs pour que ce soit un hasard, et un communicant/auteur d’escape games avec qui je me vois déjà collaborer sur plein de choses. On ne se connait que depuis trois semaines, et encore, on se connait très peu, mais on est déjà très soudées, très à l’écoute les unes des autres et c’est un aspect que j’apprécie énormément dans ce bootcamp, trouver sa team, sa guilde et avancer dans la même direction, comme dans un jeu de rôles où chaque personnage à son utilité au sein de l’équipe, où chacune peut apporter et recevoir des autres.
Ça me rappelle beaucoup quand j’avais participé à un truc qui s’appelait Live Your Legend, grâce auquel j’avais rencontré deux nanas supers, dont une est d’ailleurs devenue ma première patronne ici, qui constituaient mon groupe de responsabilité.
Barres parallèles
Comme vous pouvez le constater, j’ai eu pas mal de projets sur le feu, sans compter les chroniques radio qui se sont poursuivies doucement, le coup de main que j’ai filé à ma pote Céline pour mettre à jour son site internet de e-commerce, et mon entrée en stage pour un mois en décembre dans une Mairie pour mettre en pratique ce que j’ai déjà appris en cours pendant un mois, puis mon second stage dans une autre mairie entre février et mars 2024.
Je me suis sentie pas mal divisée, dans une phase où j’ai eu l’impression de compartimenter tout ce que je faisais et du coup, de mal faire les choses. J’ai jamais été très souple, ni très forte en gymnastique, donc forcément, cette période m’a provoqué pas mal de stress. J’ai beaucoup culpabilisé, et je continue encore, de ne pas faire tout ce que je voudrais faire, de ne pas faire les choses aussi profondément que je le voudrais, de ne pas réussir à tout gérer en même temps alors que bon, c’est NORMAL de ne pas réussir à gérer 1000 choses à la fois, on a beau être polyvalent·es on n’est pas omnipotent·es.
Je ne suis pas une divinité, je suis une être humaine avec ses contraintes physiques et matérielles, ses limites mentales et énergiques. Je fais avec les armes que j’ai. Et c’est déjà pas mal je pense. En tout cas, c’est ce que j’essaie de me dire. J’essaie de faire preuve de plus de douceur avec moi-même, de me parler plus gentiment, d’être plus compréhensive et bienveillante. Pour citer ma Chère Fanny quand je dis du mal de moi : « Parle pas comme ça de ma meilleure amie ! » Alors je fais ce qu’elle me dit. Je ne parle pas mal de sa meilleure amie. J’ai bien trop peur qu’elle vienne me péter la gueule de toute façon !
Voilà, c’était mes dernières nouvelles du front. Je vais essayer d’être plus présente ici. Promis. Je travaille en ce sens en tout cas.
Bisous.