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#TBT – Rammstein – Sehnsucht

Les jeudis, je raconte les albums et les artistes qui ont marqué mon existence et surtout mon adolescence. Du lourd, du dossier, du bon mais aussi du mauvais. Bienvenue dans mes Throwback Thursdays !


Faire Allemand LV2 au collège dans les années 90, c’était un choix disons…couillu ? En tout cas, je ne faisais clairement pas partie d’une majorité « Cool » quand je me suis retrouvée dans la salle d’Allemand au Collège Gustave Monod. Mes copines avaient quasiment toutes pris Espagnol et je me retrouvais presque toute seule avec les « intellos » – dont je savais que je faisais partie, mais être intello, c’était pas cool (alors qu’aujourd’hui, je le sais, c’est les intellos, les meilleur·es, vive les NERDS !) et moi je voulais désespérément être cool.

C’était la faute de ma mère, elle m’avait bassiné pour que je prenne Allemand alors que moi, je voulais faire Italien (que j’ai fini par faire en LV3 au lycée parce que je suis dingo visiblement) parce que selon elle, parler l’Allemand, ça allait « m’ouvrir des portes ». À part celles de salles de concerts où des teutons s’agitent sur scène avec moult effets pyrotechniques et des godes géants, l’Allemand ne m’a jamais ouvert de portes dans ma vie professionnelle. Déso, Maman. La bonne nouvelle, quand même, c’est que ça m’a aidé à comprendre un peu mieux les paroles des chansons de Rammstein.

C’est d’ailleurs de leur second album dont je veux te parler aujourd’hui, Sehnsucht.

« C’est de la merde ! » (un black métalleux ou Jean-Pierre Coffe)

Pour changer, quand j’entends parler de Rammstein pour la première fois, c’est lors d’une mise en garde faite par un black métalleux qui me disait que je ne devais surtout jamais écouter leur musique parce que c’était « de la merde » contrairement au black qui était la seule vraie musique valable de l’univers. Comme pour d’autres groupes que l’on m’avait fortement déconseillé, lorsque j’ai pris le temps d’écouter leur musique, je suis instantanément devenue fan de Rammstein. Comment ne pas aimer ce son industriel, ces synthés kitsch, ces grattes rythmiques qui ne sont pas sans rappeler quelque marche militaire, et bien sûr, ce chant en allemand qui me donnait ENFIN une bonne raison d’avoir étudié la langue de Goethe ?! Et puis, comme je comprenais un mot sur trois, j’arrivais à me faire une idée de ce que les gus racontaient, ce qui était déjà bien plus que les 0.3 mots que j’arrivais à déchiffrer dans n’importe quel morceau de black métal !

Rammstein, ce n’était absolument pas de la merde, c’était de la musique allemande comme j’en découvrais régulièrement dans Tracks ! Bizarre, glauque, expérimentale… De l’électro, des grosses guitares, une voix gutturale, des prestations scéniques complètement what the fuck, Rammstein avait tout pour me plaire. C’est donc tout naturellement que, lorsque j’ai entendu Du Hast soit dans l’album Faimily Values, soit dans la BO de Lost Highway, soit dans Total Métal sur MCM, soit dans une autre circonstance musicale de mon adolescence, j’ai adoré.

Wer bist du, Rammstein ? (ça veut dire « qui es-tu Rammstein »)

Rammstein est donc un groupe allemand, composé de six membres dont je n’ai jamais pris soin de retenir les noms sauf celui du chanteur Till Lindermann. Originaires d’Allemagne de l’Est, les mecs ont plus ou moins tous commencé dans des groupes punks en rébellion au régime communiste de l’époque pré-chute du mur de Berlin, avant de se réunir et former Rammstein. Le nom du groupe est une référence à une ville d’Allemagne qui a été le terrain d’une catastrophe aérienne faisant 70 morts et plus de 300 blessés. À ce propos, je te conseille d’écouter la chanson Wohlt ihr das Bett in Flammen sehen ? (Voulez-vous voir des lits en feu ?), issue du premier album du groupe, Herzelheid, que j’ai découvert après Sehnsucht. C’est le morceau d’ouverture de l’album, mis en miroir avec la dernière chanson du même album, intitulée Rammstein, qui font tous les deux références à cet événement tragique.

Mais revenons à notre album en question.

L’album Sehnsucht ouvre sur la chanson du même nom. Le mot « Sehnsucht » signifie « nostalgie » mais on n’est pas sur un délire d’amour romantique, plutôt sur les confessions nocturnes d’un mec qui revient violer son ex parce qu’il se sent un peu triste sans elle… Voilà, ça, c’est du grand Rammstein : des sujets très sensibles, lourds, glauques, abordés en musique, avec beaucoup de poésie dans l’écriture malgré tout, et des rythmiques puissantes qui viennent souligner le côté noir des paroles. Mais Rammstein ce n’est pas que du sombre, c’est aussi une grande passion pour le sexe, j’en veux pour preuve l’excellent Bück Dich (penche-toi en avant) dont tu devineras certainement le sujet sans que je te l’explique ou le morceau Bestrafe Mich (Punis-moi) dans lequel j’ai toujours vu un clin d’œil au BDSM (d’autres parlent de références plutôt religieuses… blanc bonnet-bonnet blanc, I rest my case). On parlera également du merveilleux Pussy, survenu quelques albums plus tard sur Liebe ist für alle da et de son clip classé littéralement X parce que…bah je te laisse juger… Bref, les allemands de Rammstein et les grosses saucisses, c’est une belle histoire d’amour.

L’album Sehnsucht est un album avec de bons morceaux et d’autres moins notables mais globalement cool dans son ensemble. Parmi mes titres préférés, il y a Du Hast, Engel, Bück Dich, Tier et Eiffersucht. Kuss Mich, qui clôture l’album sur une note plutôt humoristique (avec son sample de bruit de langue de cartoon) est sympa aussi et confirme le virage plus « fun » du groupe après un premier album que je trouve tout aussi bon mais plus « sérieux » de prime abord. On notera aussi la mélodie qui est plus présente sur le second album, notamment au niveau du chant.

Dans tout album de Rammstein, il y a un truc qui revient : l’interlude « balade ». Et sur Sehnsucht comme sur Herzelheid, elles me faisaient passablement chier ces chansons. Sur Sehnsucht, c’est le morceau Klavier (« piano ») et je me souviens que j’appuyais instantanément sur avance rapide dès que la dernière note de la chanson précédente avait fini de résonner dans mon casque en mousse. Dans les albums suivants, j’ai appris à les aimer et c’est surtout grâce à Mutter (sur l’album du même nom), je ne vais pas te mentir. D’ailleurs, écoute aussi cet album, qui devait normalement être celui dont je parlais dans ce #TBT (dans mes brouillons depuis 2014, ça va, la meuf gère bien), car Mutter est vraiment exceptionnel et m’a tout autant marqué que ses deux prédécesseurs (voire plus ou peut-être pour des raisons différentes parce que c’était sorti l’année du Bac avec tout ce que ça comporte de souvenirs liés aussi bien aux cours qu’à mes histoires d’amour adolescentes…) !

Voyage scolaire

À l’écoute de Sehnsucht, je me revois très clairement dans le car scolaire qui me transportait de la Drôme à l’Ardèche, lorsque j’étais au lycée. Tous les jours, une heure de transport le matin, une heure en fin de journée (j’étais très entrainée pour la vie en région parisienne en fait…), autant te dire que le budget piles AA pour mon walkman était considérable mais indispensable. Grace à la générosité de mon amie Johanne (que j’embrasse si elle me lit) ou peut-être était-ce celle d’Isabelle (que j’embrasse aussi), je me souviens avoir pu poncer la cassette sur laquelle avait été enregistré cet album, le volume poussé au maximum, allongée sur les sièges du fond du car (ouais, j’étais cool dans le car). Le matin, la musique me sortait de ma torpeur et de ma tête dans le cul car j’étais debout dpeuis six heures et exprimait parfaitement, avec ses sonorités bien bourrines, mon état d’esprit : fait-chier-sa-race-pourquoi-je-suis-là.

Avec Rammstein, je fais mes premiers pas dans le monde du métal industriel (j’ai écouté Nine Inch Nails des années après) qui plus est, allemand avec tout ce que cela peut comporter de différences culturelles mais aussi d’attirance. Je pense que si je n’avais pas étudié l’allemand, je n’aurai pas autant aimé ce groupe. Je me souviens que je ressentais une certaine fierté à comprendre quelques mots de leurs chansons. Je me souviens que ça flattait un peu mon égo de savoir que je faisais partie d’un groupe un peu restreint (moi et environ toute l’Allemagne, c’est un petit groupe), celui des gens qui écoutaient et comprenaient Rammstein. Je remercie au passage Lin, jeune franco-allemand et camarade de lycée qui a pris de longues minutes à me traduire les paroles de l’album Sehnsucht en me demandant « bordel, mais qu’est-ce que c’est que ce groupe » ?

Le groupe fait partie, pour toujours, de mes années collège/lycée, même si j’ai largement continué de les écouter après et mon amour des sonorités indus et électro n’a fait qu’augmenter au fil du temps avec la découverte tardive dans mes oreilles de NIN, l’écoute en boucle au lycée du très néo Spineshank (que personne dans mon entourage ne semble connaître à part moi ?!?) mais aussi de groupes plus précurseurs comme Kraftwerk.

Live aus Ma Bite

Si tu aimes les feux d’artifices et les bites géantes qui balancent de la mousse sur la foule en délire, je te recommande d’aller les voir en concert. Sinon, tu peux déjà commencer à regarder leur divers DVD lives, ça te donnera une idée ! Peu de temps après la sortie de Sehnsucht, d’ailleurs, ils ont sorti le CD/DVD « Live aus Berlin », un très bon album live qui a terminé de me convaincre que je devais absolument les voir en concert un jour dans ma vie.

J’ai d’ailleurs eu la chance de le faire en 2009 (je crois) à Bercy pour la tournée Liebe ist für alle da et c’était vraiment mémorable !

En bref, oui à l’amitié franco-allemande placée sous le signe de la musique industrielle ! Je pense qu’ils ont plus œuvré à la diffusion de la culture allemande à l’international que Derrick ou Le Destin de Lisa et ça, c’est une bonne nouvelle ! Merci Rammstein !

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