(Plus)Bien dans mes baskets

Ça y est, le verdict est tombé et il est sans appel. Si je ne veux plus avoir mal au dos, il va falloir que j’arrête les baskets.

Comme la mer sans les vagues, les vagues sans le sel, le sel sans le poivre, Leeloo sans baskets, c’est compliqué. Converse, DC, Vans, Globe, Osiris, Adidas, « chut-chut pas de marque », j’ai dans ma collec’ de pompes près de 90% de baskets. Le reste est un mix de pompes pour les autres occas’ : sandales et tongs, ballerines, Doc Martens 20 trous (ça c’est parce que j’étais obligée pour mon moi de 14 ans, une sorte de revanche sur la vie), des talons que je ne mets quasiment jamais sauf 30 min en début de mariages (avant de passer aux ballerines) et pompes de moto (je suis une putain de bikeuse en devenir, ne l’oublie pas bébé).

Immaturité podologique

Mais du coup, depuis l’adolescence et la grande personnitude, je suis en baskets la plupart du temps. J’ai essayé, au début, de porter autre chose, d’avoir l’air mature du pied, mais, comme m’habiller autrement qu’en jeans-t-shirt pour aller au boulot, ça m’a vite saoulé. Tu peux très bien me juger, m’accuser de refuser de grandir/vieillir, me trouver complètement idiote et me dire que c’est plus de mon âge de me trimbaler en Converse tout le temps mais j’ai décidé de m’en foutre de faire mon âge ou pas. Donc bon. Déso pas déso.

De toute façon, c’est bientôt fini tout ça.

De quoi j’me semelles ?

(pardon.)

Pourquoi me demanderas-tu les yeux pleins d’intérêt ? Tout ça à cause de mon seul, mon grand, mon unique dos, celui qui me fait vivre des aventures passionnantes depuis bientôt 15 ans maintenant (une histoire qui dure, dis donc) !

Dernièrement, pour changer, j’avais mal au dos. Quelle originalité ! Ça ne m’arrive quasiment que tout le temps, donc vraiment, j’étais étonnée quand, une fois de plus, ça a commencé à faire trois mois que je ne pouvais pas me tourner dans mon lit sans douleur !

Et comme, conséquemment à une certaine (cinq) chute à moto lors de ma formation au permis A, j’avais un poil mal au genou tout de même, je me suis dit, tiens, je vais aller voir une osthéo, qu’elle me refoute un peu en place histoire de moins en chier 5 minutes !

Elle en a eu pour mon argent, autant te le dire !

Quand j’ai eu fini de lui expliqué tout le merdier qu’il y avait eu dans mon corps ces dernières années, elle a lancé un petit « Ha ouais, quand même…! » avant de me regarder et de me dire « Ha mais vous avez le bassin complètement décalé en fait ». Puis elle a ensuite procédé à diverses manipulations de mon corps meurtri, notamment au niveau du genou gauche qui était « totalement bloqué » et du bassin.

Elle a conclu la séance en me disant de revenir la semaine suivante parce que y’avait vraiment trop de boulot et aussi et surtout d’aller chez un podologue pour me faire des semelles orthopédiques, ce qui devrait améliorer ma posture et réduire mes douleurs.

Comme j’ai environ tout essayé ou presque pour mon dos, je n’étais plus à ça près, donc je suis allée voir un podologue.

Docteur Martin

C’est un jeune homme très sympathique, et à la blague facile, que j’ai ensuite rencontré. Ce dernier, après examen complet de ma voûte plantaire, marchage sur un tapis, scan de mes dessous de pieds et tutti quanti, m’a confirmé qu’effectivement, j’avais un décalage de quelques millimètres du bassin, ce qui foutait la merde, mais aussi, des genoux tordus en valgus (en X) ainsi qu’une cheville gauche faible et que l’association de tout cela faisait que j’étais pas aidée par la vie et expliquait mes douleurs lombaires quasi-permanentes vu que ça aide pas les hernies quand t’as un corps qui tient pas droit.

Ce qu’il a ajouté, par contre, m’a fait froid dans le dos.

Je ne dois plus jamais ô grand jamais (si possible) porter de baskets. « Les Converse, c’est de la merde », qu’il m’a dit, « y’a pas de soutien et c’est plat comme la platitude » qu’il a ajouté. « Ce qu’il vous faut, ce sont des chaussures avec un talon », qu’il a conclut.

« Un talon, darling ? Tu plaisantes j’espère ! », dis-je (presque).

« Non mais pas un talon, genre escarpins Louboutin, soyons réalistes. Mais il vous faut un « drop » d’au moins 1 cm. Mettez des bottines, c’est ce qu’il y aura de mieux pour vous ».

Des bottines, des bottines…? Mais quel genre ? Je commençais déjà à m’imaginer en Gervaise avec son pied bot (hashtag référence littérature française classique), à devoir faire du sport en santiags (en fait, j’ai demandé, c’est bon, je peux mettre des baskets pour le sport quand même mais avec mes semelles dedans) et à la plage ou à la piscine avec des grosses pompes aux pieds au lieu de mes éternelles tongs (en fait non, c’est bon, j’ai le droit d’en mettre et il m’a même filé du velcro pour foutre mes semelles dans des sandales)…

J’étais en train de remettre en cause 20 ans de non-style vestimentaire, de réfléchir à la suite de ma vie, à me demander ce que j’allais bien pouvoir devenir sans mes fétiches Converses, mes pompes de skates et autres snickers.

Et là, soudain, il m’a dit le mot magique.

« Vous pouvez mettre des bottines, genre Doc Martens, par exemple. C’est top ça ! »

Etoiles dans les yeux, cœurs dans les oreilles. Je lui demande de répéter. Il confirme. Je jubile.

Je suis donc MÉDICALEMENT obligée de porter des Doc Martens.

Je lui ai demandé de me le marquer sur une ordonnance mais il n’a pas voulu. Mais dans ma tête le message reste le même, je suis OBLIGÉE de porter des Doc Martens.

« Oui, Mme la Banque, si j’ai acheté ces 43 paires de Doc Martens, c’est pour mon bien ! »

Argument imparable, la raison de santé !

Je reviens, j’ai deux-trois commandes à passer !

 

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