Enjoy, c’est plutôt dark.
Je me souviens du clic-clac dans ma chambre, avec sa housse en tissu glissant, orange saumon et bleu turquoise pastel, aux motifs typiques des années 90.
Je me souviens des étés à Neyrac-les-Bains et de l’énorme saule pleureur dans le jardin. Je me souviens de Jackie, la voisine allemande, de sa maison qui sentait un peu le vieux et la tristesse depuis la mort de son mari. Je me souviens de son chien à trois pattes et de son potager. Je me souviens des histoires qu’elle nous racontait quand on venait manger chez elle.
Je me souviens de ce jour où j’ai renversé quelques gouttes d’eau par terre en jouant à la marchande de légumes avec Delphine. Je me souviens de son regard à lui, de sa voix, de la colère et de la peur qui me rongeait l’estomac. Je me souviens de ses mains. Je me souviens de la douleur. Je me souviens de mes pleurs. Je me souviens qu’après, je n’ai plus eu de lavabo dans ma chambre.
Je me souviens de ma première clope dans la Maison Abandonnée en face du collège.
Je me souviens de la fois où j’ai triché au contrôle de vocabulaire en CE1 en regardant mon cahier discrètement car j’avais oublié un mot et que ça me rendait dingue et que je ne pouvais pas accepter de ne pas connaître la réponse. Je me souviens que cet enfoiré de Mickaël m’a vu et l’a dit à la maîtresse.
Je me souviens de ce voyage en camion. Je me souviens du restaurant routier et de l’assiette de frites que j’avais eu le droit de manger. J’étais tellement contente, j’étais déjà gourmande. Je me souviens des regards interrogateurs des autres routiers. Je me souviens d’avoir dormi dans la petite couchette au dessus de la cabine du camion. Je me souviens que je me suis réveillée et mes grands-parents étaient là.
Je me souviens des parties de 4-21 et de bataille avec Mémé.
Je me souviens de cet hôtel abandonné en bord de nationale. Il était en ruine et avait été à moitié dévoré par les flammes. Je me souviens des traces de sang dans la baignoire, dans ce qu’il restait de la salle de bains. Je me souviens de ces lettres qu’on avait trouvé, d’une femme à son époux apparemment emprisonné.
Je me souviens de cette peluche violette que j’avais acheté à une brocante. Il y avait une poche pour y faire tenir une bouillotte.
Je me souviens des paroles des chansons des Worlds Apart, des Spices Girls, de East 17 et de l’album D’Eux de Céline Dion.
Je me souviens de Carine et de sa sœur. Je me souviens de leur mère. Je la trouvait belle et elle me faisait penser à Marilyne Monroe. Je me souviens de leur père. Il me terrifiait. Je me souviens de ce week-end où je devais rester dormir chez eux. Je me souviens qu’il s’était énervé, qu’il avait frappé Carine devant moi. Je me souviens que c’est ce jour-là que j’ai réalisé qu’on ne savait jamais vraiment ce qu’il se passait chez les gens une fois la porte fermée.
Je me souviens que pour mes trois ans, j’avais eu un tricycle mais que pour déconner, on m’avait donné la boîte vide.
Je me souviens des différentes maisons de mes grands-parents. De la première que j’ai connue, celle à la campagne, au bord du canal. Je me souviens que le jardin était immense. Je me souviens qu’un jour, j’étais sortie sur la terrasse en maillot de bain et que des tas de bêtes d’orage étaient venues sur moi. Je me souviens qu’un jour une moissonneuse était passée pour rejoindre le champs d’à côté. Je me souviens qu’elle avait emporté un poteau électrique en bois qui alimentait la maison. Je me souviens de ma chambre au dessus de la cave. Je me souviens que quand je me réveillais, je tapais sur le mur pour prévenir Mamie et qu’elle me répondait en grattant pour me dire que je pouvais venir lui faire un câlin.
Je me souviens de Fripouille, le chat que j’ai eu pour mes 5 ans et qui m’a accompagné jusqu’à mes 20 ans.
Je me souviens des soirées au bord de la rivière en Ardèche, autour d’un feu de camp, à boire, chanter et s’amuser.
Je me souviens de la toute première fois où j’ai entendu sa voix au téléphone. C’était dans la maison à la campagne de Mamie et je devais avoir trois ou quatre ans. Je me souviens que ça ma tellement émue que j’ai pleuré et refusé de lui parler.
Je me souviens de la voiture qui chauffe tellement dans la file du Mc Drive qu’il y avait de la fumée partout et que tout le monde croyait qu’elle avait pris feu.
Je me souviens des trajets entre le lycée et la maison pendant deux ans, en voiture, matin et soir avec Maman. Je me souviens quand on allait déjeuner toutes les deux à l’Encas Vavarois, des pizzas ou des omelettes. Je me souviens que c’était l’époque de Baby One More Time de Britney Spears et que même si c’était la honte, je connaissais la chanson par cœur.
Je me souviens le jour où Elie Kakou est mort. Je me souviens qu’on était en voiture et qu’on attaquait la côte de Villeneuve quand le mec de la radio l’a annoncé.
Je me souviens de l’Egypte, de Vegas, de Rio, de Bruxelles, de Londres, de Ravensburg, de Bregenz, de Barcelone, de l’Italie, de la Grèce.
Je me souviens des sites archéologiques qu’on allait visiter avec la prof de Latin. Je me souviens que ça faisait chier tout le monde mais que secrètement, j’adorais ça.
Je me souviens de ces balades en voiture le samedi ou le dimanche avec Maman. Je me souviens qu’on traversait des villes et des villages sans s’arrêter, juste pour rouler.
Je me souviens de Vaison-la-Romaine après les inondations et de cet immeuble éventré duquel pendait une cuvette de toilettes. Je me souviens de cette maison où seules restaient les fondations et un petit cheval à bascule.
Je me souviens de la chambre la plus bordélique de tous les temps chez Tiphaine.
Je me souviens de l’Amstrad CPC 6128 et des disquettes de jeu qu’il fallait démarrer en faisant RUN.
Je me souviens des cassettes vidéos. Des vraies et des enregistrées sur la télé.
Je me souviens des cassettes audio. Des vraies et des enregistrées à la radio.
Je me souviens de ma chaine hi-fi radio-cassette-chargeur 3 CD.
Je me souviens des repas Banania-pain- fromage quand Maman avait la flemme de faire à manger.
Je me souviens que deux quatre six huit dix douze quatorze seize dix-huit vingt, et que cinq dix quinze vingt vingt-cinq trente trente-cinq quarante quarante-cinq cinquante. Je me souviens que six fois huit quarante huit. Je me souviens que je ne me souviens jamais ce que font sept fois sept.
Je me souviens qu’Amandine en CE1 était fan de Claude François.
Je me souviens de « Pourquoi-ci pourquoi ça, ne demandez pas, allez y voir vous-même ».
Je me souviens de mon rôle dans Boucle d’Or à la médiathèque, avec Maxime qui jouait l’un des trois ours. Je me souviens que j’avais porté des bigoudis toute la nuit pour avoir les cheveux bouclés et que ça me grattait trop la tête.
Je me souviens du jour où ma cassette de Mickael Jackson est restée coincée dans le lecteur et que la bande a cassé.
Je me souviens de la boulangerie du quartier où on allait acheter des Mister Freeze et des bonbons. Je me souviens du bureau de tabac et des clopes à l’unité que les grands du quartier nous demandaient d’aller acheter pour eux. Je me souviens d’Adil que mes grosses joues faisait bien rire.
Je me souviens de la rue avec le salon de coiffure, la mercerie, la pharmacie, la boucherie, l’épicerie, le tabac et la boulangerie. Je me souviens du parc avec le toboggan, les tape-cul et le tourniquet, les muriers et le terrain de basket.
Je me souviens que c’est celui qui dit qui y est, poil de gomme !
Et bien ma chérie , tu as une bonne mémoire. Tu as oublié ta nuit blanche en Ardèche ou ta petite maman te cherchait à 5h du mat en chemise de nuit ! Je peux te rappeler pleins de souvenirs… mais chut ceux là nous appartiennent !