Personne d’influences

Quelle est la différence entre être influençable et être inspirée ? Est-ce que c’est mal d’être influençable ? Se laisse-t-on volontairement influencer ou est-ce un choix conscient ? Les réponses à toutes ces questions ne se trouvent pas dans cet article qui te rappellera tes heures les plus sombres devant une copie de philo ! 

Je crois que je suis quelqu’un de profondément influençable. Non pas que je n’ai pas mes propres avis, idées, croyances, valeurs etc mais plutôt que je suis tellement bon public que les arguments des autres peuvent facilement faire mouche chez moi.

Un exemple par exemple

Récemment, une amie m’a fait part de quelques déconvenues au sujet d’un groupe de musique que nous affectionnons toutes les deux. Sa conclusion était la suivante : « M’ont saoulé, je ne veux plus entendre parler d’eux ».

Bien que j’aime toujours leur musique, le-dit groupe a instantanément baissé dans mon estime et les membres du groupe, autrefois des inspirations pour moi, sont devenus de simples gros cons à mes yeux.

Alors, est-ce que l’on peut dire que mon amie m’a influencé dans ma façon de voir ce groupe ? Est-ce que je suis influençable ou ai-je simplement revu mon jugement au regard de nouvelles informations ?

Un peu des deux non ? Mais du coup est-ce que ça fait de moi une personne en plastique ?

Parce qu’être influençable, c’est vu comme négatif, comme un défaut. Ça sous entend que t’as pas trop de résistance, de conviction, que tu penses tout et son contraire et que tu changes d’avis comme de chemise.

C’est pourtant une caractéristique que tout être humain porte en lui à des degrés différents. On n’est pas tous toujours inflexibles et droits à 100% dans nos bottes. On a tous une petite faille dans laquelle peut se glisser l’influence d’un(e) autre.

C’est un peu le fond de commerce du marketing et des « influenceurs« , qui se basent sur notre capacité à entendre et accepter des arguments produits pour nous diriger vers le bon endroit du magasin ou du Web pour claquer notre pognon.

Mais, toutefois, accepter que l’on est influençable semble équivaloir à reconnaître que l’on est une merde. Pourquoi ? Est-ce si sale de se dire que ouais on n’est pas fermé à la discussion sur un sujet et qu’on peut éventuellement revoir notre jugement ?

Définition du Larousse :

Influençable : Qui se laisse facilement influencer, docile (obéissant, soumis, disposé à se laisser conduire), malléable (qui se laisse modeler).

Tu remarques qu’on retrouve à chaque fois « se laisser » dans les définitions des trois termes ? « Se laisser », ça dit quoi ? Qu’on est dans l’abandon de soi, dans l’absence d’action, dans l’acceptation passive…ça sous entend ici qu’on prend l’argument, l’influence de l’autre et qu’on l’accepte sans rechigner.

Mais je ne suis pas d’accord ! Non !

(Calme-toi, Leeloo, tu discutes avec toi-même, ça va bien se passer)

Je ne suis pas d’accord, donc. Je pense que l’on peut être influençable sans être passif dans l’acceptation de l’opinion de l’autre. On peut choisir d’accepter un point de vue différent du sien et de se l’approprier.

Peut-être est-ce ce qui différencie l’influence de l’inspiration ?

Définition du Larousse :

Inspiration : Mouvement intérieur, impulsion qui porte à faire, à suggérer ou à conseiller quelque action. Enthousiasme, souffle créateur qui anime l’écrivain, l’artiste, le chercheur. Influence exercée sur un auteur, sur une œuvre.

Tout de suite, on est dans quelque chose de plus classe, tu le sens. Être inspiré confère quelque chose à la limite du divin, du mystérieux. « Souffle créateur », genre les muses viennent t’éternuer leurs idées à la tronche et te voilà propulsé vers une envie irrésistible de créer.

A la différence de l’influence que tu sembles subir dans ta gueule d’être humain passif, limite dépourvu de toute capacité de jugement, l’inspiration, elle, est une douce fée qui vient te murmurer ses secrets à l’oreille, et semble provoquer chez toi une (ré)action.

Si tu es inspiré, tu fabriques, si tu es influencé, on fabrique pour toi.

Il me semble aussi qu’être influençable c’est moins classe qu’être influencé. Quand un artiste te dit qu’il est très « influencé par Mozart et Bach », tu ne te dis pas que ce mec n’a pas de talent, tu te dis qu’il a des modèles qui ont fait leur preuve et que par conséquent, lui aussi doit valoir quelque chose.

En revanche, si je te dit que je suis assez influençable pour changer d’avis sur un film par exemple, j’ai le sentiment que tu remettras en cause mon jugement et lui accorderas moins de valeur, que tu me prendras pour une girouette.

Mais au final, être influencé dans un processus de création ou dans sa façon de voir les choses c’est pareil, un peu ? Au final, quelque chose d’extérieur a influé (HA!) sur toi !

Et là, je me demande s’il est possible de n’être jamais influencé par quoique ce soit…? Est-ce que finalement, chaque chose que l’on aime, que l’on pense, que l’on crée ne vient pas d’une influence extérieure ?

Vous avez quatre heures.

Et bon dimanche !

 

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