un stylo en gros plan sur fond flou où l'on distingue un cahier et un ordinateur portable

I’m back bitches !

Ca commençait à faire long, cinq ans. Cinq ans à me lever tous les matins avec un but bien précis. Cinq ans de congés payés à poser entre le 1er juin et le 31 mai de l’année suivante. Cinq ans de « bons » et « loyaux » services (tu comprendras un peu plus tard pourquoi je mets des guillemets). Cinq ans de mails, de réunions, de chats, de brainstorming, d’ateliers, de salons, de conférences, de partenaires, de collègues et de patrons.

Ouais, ça commençait à faire long.

Et puis, il y a eu ce que j’appellerais, le « Grand Craquage de juillet 2019 ». Après lui, plus rien n’a été pareil.

Après plusieurs mois d’arrêt, plusieurs milligrammes d’antidépresseur par jour, des litres et des litres de larmes, des heures à analyser avec ma psy le pourquoi du comment de ce craquage, j’ai compris qu’il fallait que ça cesse.

Et surtout, j’ai compris pourquoi il fallait que ça cesse : je n’aimais pas mon travail, je ne l’avais jamais vraiment aimé et au fond, j’en n’avais rien à foutre.

Pourquoi j’avais toujours cette impression de ne pas faire assez bien, de ne pas faire assez tout court même, d’être incompétente, pas assez créative, pas assez motivée, de ne pas prendre assez d’initiative ? Pourquoi je n’arrivais pas à me motiver véritablement ? Pourquoi, quand mon patron me demandait de faire quelque chose, je passais plus de temps à chercher des raisons de ne pas le faire plutôt qu’à mettre en œuvre mes compétences pour réaliser un truc chouette ?

Tout simplement parce que j’en n’avais rien à foutre et que je n’aimais pas ça.

J’en n’avais rien à foutre des newsletters, du nombre de followers, du reporting, de l’analyse du nombre de visiteurs par mois, de la stratégie marketing, du bon message au bon moment, des emailings, des salons, de l’augmentation du trafic sur le site, des visuels, des infographies, du SEO, du SEA, des budgets, de la créa’, de la com’ interne et de la com’ externe, des webinaires et des partenaires. Tout ça me faisait royalement chier et il m’a fallu cinq années et un pétage de plombs pour le réaliser.

J’en n’avais rien à carrer de la communication. Les seuls moments où je m’éclatais dans mon job, c’est quand j’assistais à des conférences ou quand j’écrivais des articles sur le blog. Et encore, même là, je n’y mettais pas beaucoup de bonne volonté. J’ai toujours fait le minimum syndical.

Ce que j’avais vraiment envie de faire dans la vie, c’est ce que j’avais toujours eu envie de faire au fond.

T’as une petite idée ?

Moi il m’a fallu des mois de psychanalyse pour enfin oser me l’avouer.

Ce que j’avais vraiment envie de faire, c’était d’écrire.

Bordel.

Une évidence si évidente qu’elle m’avait paru inenvisageable pendant des années.

Écrire ! C’était si simple ! C’est la seule chose que j’ai fait TOUTE ma putain de vie. Depuis toujours, j’écris. Tout le temps, j’écris. Quand ça va bien, quand ça va pas. Quand j’ai des choses à dire et surtout quand je n’en ai pas.

Je suis une putain d’écrivaine et je ne pouvais pas me l’avouer parce que j’avais (j’ai ?) une peur bleue de l’échec et du jugement et un besoin désespéré (et désespérant) d’être aimée.

Mais quand a eu lieu le Grand Craquage de Juillet 2019, c’est ça que mon cerveau et mon corps voulaient me dire. Je ne pouvais plus me cacher, tenter de me noyer en m’enfonçant moi-même la tête dans les chiottes du monde corporate pour m’empêcher de penser. Il était temps d’arrêter les conneries et de me consacrer à ce que je sais faire de mieux.

J’écris, donc je suis. Je dois écrire pour être, parce que si je n’écris pas, je me tue à petits feux.

Je ne sais plus si je te l’ai dit ici, mais tu sais quand j’ai commencé à aller mieux ? Quand j’ai enfin terminé d’écrire Gidéon. Quand je me suis réveillée en pleine nuit, une fois de plus, après un énième rêve chelou, avec l’impossibilité de me rendormir et des pensées dans tous les sens et que la seule chose qui me revenait en tête, c’était la fin de ce satané roman que j’avais commencé deux ans avant et que je n’arrivais pas à finir. Alors j’ai pris mon téléphone, j’ai ouvert mes Notes et j’ai écrit, écrit, écrit, tout ce qui me venait, tout ce qui tournait, dans l’ordre et dans le désordre mais j’ai tout sorti . Et j’ai enfin pu me rendormir. Et quand je me suis réveillée, la première chose que j’ai faite, c’est d’aller tout réécrire.

A partir de ce moment, j’ai commencé à ne plus faire de crises d’angoisse. J’ai recommencé à dormir plus sereinement. J’ai cessé de paniquer à l’idée de retourner travailler parce que j’ai compris que je n’y retournerai plus jamais. Je devais quitter mon travail parce que mon métier, le seul travail que j’avais vraiment envie d’exercer c’était ça. Écrivaine.

Il m’a fallu encore travailler sur moi quelques semaines avant de réussir à prévenir mon employeur que j’allais le quitter. Mais je l’ai fait.

Il m’a fallu du courage pour lui reparler au téléphone après des mois de silence. Mais je l’ai fait.

Il m’a fallu beaucoup de courage (et de Xanax) pour retourner à Paris pendant une semaine, affronter le RER et le bureau, vider mes tiroirs, transmettre les infos à ma remplaçante et faire mes adieux à mes collègues. Mais je l’ai fait.

Il m’a fallu de l’abnégation, de la patience et de la détermination pour encaisser les derniers petits coups bas (conscients ou inconscients, je ne sais pas) de mon patron. Mais je l’ai fait.

Il y a eu des larmes, beaucoup. Des câlins, à foison. Des rires, à profusion. Mais je l’ai fait. Je suis partie.

Et aujourd’hui, je suis là. Devant un clavier et un écran avec pour seule envie et pour seule ambition d’écrire. De raconter. De dire.

Je ne pourrai plus faire que ça. Te bercer de mots, t’envelopper de propos à tort et à travers.

Parce que c’est la seule chose que j’ai jamais su faire. Parce que c’est la seule que j’ai jamais eu envie de faire.

Je suis une putain d’écrivaine et maintenant, il n’y aura plus que les mots et moi.


J’ai bien conscience que les mots, comme ça, tout seul, ça ne remplit pas le frigo. C’est pourquoi j’essaye de trouver une maison d’édition qui aurait trop d’argent et qui voudrait m’en donner en échange de mes mots.

C’est aussi pourquoi j’envisage de faire appel à mes millions de fans pour demander leur soutien au travers d’une plateforme comme Patreon (à l’instar de mes héroïnes Amanda Palmer et Jack Parker) ou Tipeee (à l’instar de milliers de créateurs du web) mais je ne sais pas encore et j’hésite beaucoup et je veux bien ton avis sur le sujet, vraiment.

Enfin, c’est également pourquoi je retravaille Gidéon, je finalise le roman/essai que j’ai écrit pendant NaNoWriMo 2019 pour en faire quelque chose de publiable et je travaille sur un troisième roman où se rencontrent des héroïnes badass, des œuvres d’art et un village dans le sud de la France.

Je ne suis pas encore inscrite à Pôle Emploi (mon amour, ma passion, une de mes grande source de création) mais ça ne saurait tarder. Je vais avoir encore plein de choses à te raconter !


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