une pile de livres sur une table en bois. devant eux est posée une liseuse électronique allumée sur une page de livre.

Mes lectures préférées en 2022

Eh bah oui, pourquoi pas ! Je ne partage pas ce type d’article habituellement, les tops, les flops, les bilans de l’année, mais là, je sais pas, j’ai envie de me pencher sur mon année 2022 au travers des livres que j’ai lu.

J’ai pas fait grand chose d’autre que lire, j’ai l’impression – mais c’est une vue de mon esprit, je pense. En vrai, j’ai « fait » des trucs, j’ai vécu, je suis sortie de ma tanière, j’ai ressenti, partagé, aimé, pleuré, ri, mais aussi, il faut le dire, beaucoup lu. Mon compteur officiel de Goodreads me dit que j’ai atteint mon objectif de 55 livres dans l’année (BD comprises) et je pense que parmi tout ça, il y en a bien une dizaine qui méritent que je leur dédie quelques mots. Alors c’est parti, bienvenue dans la première liste de lecture de l’année par Leeloo !

Vénère de Taous Merakchi

Euphémisme de l’année : j’aime Taous Merakchi. Depuis que je l’ai entendue parler dans un podcast de son livre « Le Mystère des Règles », j’ai lu et écouté quasiment tout ce que je pouvais de cette autrice. C’est une jeune femme à qui je m’identifie pas mal (bien que nous soyons très différentes) et dont je trouve le travail d’écriture très libérateur, dans le sens où elle écrit souvent ce qui lui sort des tripes et ça m’encourage à faire la même chose. C’est aussi une nana qui me fait beaucoup rire, qui a des gouts et une esthétique qui me parlent et avec qui, j’aurai rêvé d’être pote. Fin de la minute fan creepy, parlons de son livre sorti en début d’année 2022, Vénère.

couverture du livre Vénère de Taous Merakchi, représentant une flamme rouge sur un fond violet. Du texte blanc dit

J’ai eu la chance de recevoir une copie du bouquin assez tôt pour en faire une chronique dans L’Instant Hex, chose que j’ai faite avec grand plaisir tant ce livre m’a remué. Taous Merakchi y parle de colère, et plus précisément de colère féminine, celle que l’on ressent très vite, très tôt, très fort lorsque l’on est une femme dans le monde qui est le nôtre. C’est un livre d’une incroyable justesse et d’une force terrible. Lisez-le que vous soyez homme, femme, NB, n’importe où sur le spectre du genre, mais lisez-le.

Pour écouter ma chronique du livre, dans l’Instant Hex, c’est par là !

Le Petit Didier de Joey Starr

Que tu aies écouté du rap dans les années 90 ou pas, il y a une chance que tu aies déjà entendu parler de Joey Starr, Didier Morville de son vrai nom, qui, aux côtés de Kool Shen/Bruno Lopes, a fondé le groupe NTM à la fin des années 80.

2022 a été l’année du passage de NTM de l’autre côté du culte. En effet, pour la première fois, le groupe a participé à la création d’un biopic, Suprêmes, qui retrace leur parcours et qui est plutôt pas mal, j’en parlais dans Écriture Compulsive #20.  Puis, c’est au tour de Netlfix de rendre hommage aux darons du rap français, en diffusant une série sur le groupe et la naissance du mouvement hip hop en France, appelée Le Monde de Demain.

Pendant ce temps, moi, je tombai par hasard sur ce livre autobiographique de Joey Starr, dans lequel il raconte son enfance à St Denis. Entre son père et sa violence, ses copains et la Cité comme terrain de jeu, l’absence de sa mère, sa débrouillardise pour se « désennuyer » et son gout pour les conneries à boire ou à fumer, Joey Starr narre avec beaucoup de poésie et de sensibilité son enfance et son adolescence dans le rues du 93.

Comment le Petit Didier est devenu le grand Joey, une histoire que je vous conseille de découvrir dans ce bouquin très émouvant et joliment écrit.

Tant pis pour l’amour ou Comment j’ai survécu à un manipulateur de Sophie Lambda

Sophie Lambda est une autrice de bande-dessinée que j’ai découvert je ne sais plus comment ni pourquoi mais que je suis depuis pas mal de temps dans les internets notamment sur Instagram. Elle est également co-animatrice d’un podcast sur la série Friends avec son amie Virginie Renault, Central Podcast que je te recommande d’écouter très fortement.

Mais Sophie Lambda est aussi une jeune femme qui a vécu une relation toxique avec un manipulateur et qui en est sortie profondément meurtrie. Pour exorciser tout ça, outre la thérapie, elle a décidé de raconter son histoire dans une bande-dessinée qui a rencontré un énorme succès dès sa sortie en 2019. J’en avais entendu parler depuis longtemps mais je n’avais jamais eu l’occasion de la lire. C’est pourquoi lorsque je suis tombée dessus dans les rayons de ma médiathèque d’amour, je m’en suis emparée direct pour la dévorer.

Sophie Lambda y raconte sa relation avec cet homme, comment il l’a séduite puis détruite et comment elle est parvenue à se sortir de ce couple qui la dévorait à petits feux le tout avec talent et une bonne dose d’humour. Ses dessins à la fois mignons et touchants permettent à l’autrice de raconter cette période hardcore de sa vie avec un détachement et une légèreté salutaires pour elle, comme pour celui ou celle qui lit la BD. Elle ajoute, à travers le personnage de son ours en peluche par exemple, un « comic relief » sans lourdeur. Et puis elle apporte également tout un tas d’informations et de ressources sur le sujet des manipulateurs et des relations toxiques ce qui donne à sa BD une dimension quasi-pédagogique. Vraiment une lecture que je recommande et pas uniquement pour celleux qui auraient malheureusement vécu une relation comme celle-ci.

The Radium Girls – version BD par Cy, version livre par Kate Moore

Dans la série des BD des gens que je suis depuis longtemps que j’ai enfin eu l’occasion de lire, il y a eu cette année aussi Les Radium Girls par Cy, qui m’a ensuite amené à lire le livre The Radium Girls de Kate Moore.

Les Radium Girls, ce sont ces femmes dans les années 1910-20 qui travaillaient dans les manufactures de cadrans de montres aux Etats-Unis et dont le travail consistait à recouvrir les chiffres des-dits cadrans d’une couche de peinture au radium pour qu’ils deviennent phosphorescents. Le problème, c’est que pour appliquer cette peinture, on leur demandait d’utiliser la technique du « lip, dip, paint », (lèvres, tremper, peindre), qui consistait à d’abord se passer le pinceau entre les lèvres pour l’affiner, et le rendre plus précis, le tremper dans la peinture toxique puis peindre, et recommencer le geste des dizaines et des dizaines de fois dans la journée.

Au bout de quelques mois, les jeunes femmes ont toutes commencé à mourir de cancer terribles les unes après les autres et ce n’est qu’au prix d’un combat acharné qu’une partie d’entre elles ont réussi à obtenir justice et faire reconnaitre que c’est bien la peinture au radium et leur travail qui les avaient rendues malades.

La BD de Cy est d’une beauté incroyable. La dessinatrice a volontairement utilisé le crayon de couleur pour ses dessins ce qui leur donne un aspect doux et féériques alors qu’ils racontent une histoire tragique. Ses choix artistiques apportent au drame de ces femmes une poésie et une force qu’on n’imagine pas lorsque l’on lit leur histoire avec les mots de Kate Moore, bien que le récit de l’autrice soit tout aussi incroyable. Le livre de Moore, d’une précision documentaire, retrace aussi bien la vie privée de ces femmes que l’Histoire avec un grand H, qu’elles ont vécu et tout ce que leur combat a apporté aux générations de travailleurs et travailleuses qui ont suivi. Je n’avais jamais entendu parler de l’histoire de ces femmes jusqu’à ce que je lise la BD puis le livre de Moore, et je trouve que le travail de Cy comme de Moore est un hommage qu’elles méritent même un siècle plus tard.

Ghostland : An American history of Haunted Places de Colin Dickey

Deuxième euphémisme de l’année : j’éprouve une véritable fascination pour l’Amérique et son histoire. C’est ce qui m’a, en partie, amenée en fac de langues, ce qui m’a donné envie d’apprendre l’anglais depuis toute petite et ce qui continue encore aujourd’hui à me dire que dès que j’en ai les moyens, je m’offre un road trip  aux Etats-Unis pour passer un mois dans chaque état.

J’aime aussi les histoires qui font peur, les récits de fantômes, de lieux hantés et ça tombe plutôt bien car le livre de Dickey mêle ces deux amours, l’histoire des Etats-Unis et les lieux hantés emblématiques du territoire.

L’auteur choisi d’explorer à la fois les fantômes qui habitent ces lieux mais aussi ceux du pays : racisme, ségrégation, colonialisme, violences en tous genres… ce qui résulte dans un livre passionnant qui traverse à la fois le temps et le continent nord américain.

Si ces sujets vous intéressent de près ou de loin, ce bouquin vous donnera une occasion de porter un regard nouveau sur les fantômes qui peuvent hanter une nation qui a tant cherché à garder une image de perfection.

The Lost Coast de Amy Rose Capetta

Dans la série j’aime les Etats-Unis, s’il y a un endroit que je rêve de visiter par dessus tout, c’est le nord de la Californie et ses plages immenses bordées de forêts de séquoias. C’est ce qui m’a séduit quand j’ai entendu parler du livre d’Amy Rose Capetta, via le compte instagram d’une artiste que je suis et qui vit en Californie du nord. Ce qui m’a aussi séduit, c’est qu’on y parle de sorcellerie, d’amitié et d’amour entre jeunes filles ce qui donne une vibe The Craft new generation à ce roman que j’ai aussi adoré cette année.

J’en ai d’ailleurs parlé dans une Écriture Compulsive et dans une chronique pour l’Instant Hex tellement je l’ai aimé ce bouquin.

L’histoire est celle de Danny, une adolescente fraichement arrivée dans la ville de Tempest en Californie du Nord, qui se lie d’amitié avec un groupe de filles mystérieuses et queers, les Grays, qui s’avèrent être des sorcières. Toutes ensemble, elles vont tenter de retrouver l’une d’entre elle, Imogen, qui a disparu plusieurs semaines auparavant. Leur histoire va tourner autour de la magie, de l’amour et de l’identité sexuelle qui s’éveille. Un bouquin comme j’aurai aimé en lire quand j’étais adolescente et qui, j’espère, touchera tous.tes celleux qui en ont besoin à l’âge où l’on commence à chercher à comprendre qui l’on est.

L’Incendie de Jennifer Lynn Alvarez

Leeloo Passion Californie, épisode 430274859. Cette fois, on part dans la partie plus au sud de l’état de la côte ouest, dans une petite ville, Gap Lake, qui va se faire ravager par un incendie, tout comme une large partie des forêts qui l’entourent. On suit ici aussi un groupe d’ados, trois filles et deux garçons, qui se connaissent depuis l’enfance, et qui partagent leurs étés dans l’insouciance la plus totale, entre sorties en forêts, baignade dans le lac du coin et pactes d’amitié scellés à la pré-adolescence.

 

Mais cet été-là sera différent, puisque ce sont eux qui vont accidentellement provoquer l’incendie qui va détruire la ville, les alentours, des vies et surtout leur amitié.

Un roman-enquête sur les secrets, les non-dits, les liens qui nous unissent surtout quand ils sont malsains, une lecture sensée être « young adult » mais que la « pas young adult » que je suis a adoré et te recommande !

Amor Actually de Mackenzie Walton, Adriana Herrera, Alexis Daria, Diana Muñoz Stewart, Mia Sosa, Priscilla Oliveras, Sabrina Sol, Zoey Castile.

Beaucoup d’autrices ici mais c’est bien normal car il s’agit d’un recueil de nouvelles érotiques écrites par un groupe d’écrivaines latino-amériaines. Sous l’égide de Mackenzie Walton, elles ont décidé d’écrire des histoires chaudes patates qui tournent toutes autour de la même soirée de « Nochebuena ». Neuf histoires qui se déroulent chacune dans les semaines qui précèdent la nuit du réveillon de Noël dans lesquelles on va suivre les aventures sexy muy caliente d’une chanteuse pop latina, d’une actrice porno, d’un professeur de musique, d’un couple de jeunes mariés et bien d’autres dans la ville de New York, avant de les retrouver pour un méga happy end satisfaisant à souhait.

Je ne suis habituellement pas friande de « romance », mais je dois reconnaitre que ces neuf histoires m’ont donné bien chaud alors que je les lisais en début d’année 2022 et qu’il faisait frisquet dehors. Si tu as besoin d’un peu de chaleur corporelle, plonge toi sans hésiter dans ces romances modernes bien plus pimentées que les films de Noël de Netflix !

A room away from the wolves de Nova Ren Suma

Bina s’est enfuie de chez elle, parce qu’elle en avait marre. Marre de se faire harceler par ses demi-soeurs, marre que sa mère ne voit pas le mal qu’elle traverse, marre de son enfance passée à s’enfuir avec sa mère… Elle décide de tout quitter, avec pour seule compagnie une valise et une adresse où aller se réfugier. Catherine’s House à Greewich Village, une pension pour les jeunes filles « perdues » où sa propre mère a vécu lorsqu’elle était plus jeune.

Ce roman est à la fois plein de poésie, de mystère mais aussi de tristesse. L’histoire de Brina et de toutes les filles qu’elle rencontre est tragique, oscille entre le rêve et la dure réalité, l’espoir et l’abandon. J’en suis sortie avec le cœur lourd, sans trop être sûre d’avoir compris ce qu’il s’était passé mais à la fois profondément émue par ce récit.

Les Versets Sataniques de Salman Rushdie

Il était temps que je me penche sur ce roman à la réputation sulfureuse. J’ai eu envie de le lire parce que l’actu m’y a poussé, puisque son auteur, Salman Rushdie, a subi une tentative de meurtre en août 2022 alors qu’il donnait une conférence dans l’état de New York, probablement liée à la fatwa dont il est la cible depuis 1989 à cause de ce roman (bien que l’Iran ait nié toute implication dans la tentative de meurtre).

J’ai donc commencé à lire les Versets Sataniques en ne connaissant du roman que cela, un roman supposément si hérétique, si affreux qu’il a valu à son auteur d’être condamné à mort par des extrémistes. Forcément ça devrait m’intéresser.

Et effectivement, j’ai particulièrement apprécié ce livre, bien qu’il soit parfois difficile à suivre. L’histoire est celle de deux hommes, Gibreel et Saladin, qui après avoir miraculeusement survécu à une chute de plusieurs milliers de mètres après l’explosion de leur avion pris en otage par des terroristes, voient leurs vies partir dans tous les sens, l’un devenant un « démon », l’autre un « ange ». Ça c’est pour la partie émergée de l’iceberg car le roman part lui aussi dans tous les sens, racontant à la fois l’histoire d’un prophète, d’une cité dans le désert, d’un patron de pension à Londres, de villageois partant en pèlerinage pour La Mecque en suivant une mystérieuse fille-papillons…

Mes connaissances en religion étant limitées, j’ai probablement loupé tout un tas de référence à l’islam mais j’ai trouvé le roman complètement dingue et fascinant. Et le truc le plus dingue qui s’est produit pendant ma lecture, c’est que je n’ai pas arrêté de faire des rêves complètement fous après chaque session de lecture (je lis avant de m’endormir) ce qui me pousse à croire que les mots de Rushdie ont eu un pouvoir incroyable sur mon inconscient.

Le livre est long, je dois le reconnaitre mais si tu as envie de te plonger dans une aventure psychédélique et spirituelle à la fois, ouvre Les Versets Sataniques.

 


Voilà, mon top 10 de l’année 2022, j’espère que ça t’auras donné envie de lire ceux que tu ne connais pas et si tu as des recos à me faire, n’hésite pas, je m’y plongerai pour 2023 !

 

 

Photo par Perfecto Capucine sur Pexels.

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