Consigne : Créer un personnage et le faire interagir avec un objet qui se trouve dans la pièce où se déroule l’atelier. Nous avons ensuite retravaillé notre texte le deuxième jour de l’atelier. Ceci est la seconde version que j’ai écrite.
« Ça faisait longtemps qu’Alec n’était pas allé chez ses parents mais le groupe n’avait pas de concert prévu avant quelques semaines, et puis, c’était l’anniversaire de son paternel. Une corvée à laquelle il n’avait pas pu se soustraire. « T’as intérêt à venir », lui avait dit sa mère avec une autorité teintée d’espoir, « et puis ça fait des mois qu’on ne t’a pas vu… » Elle avait ajouté qu’Andréa, la sœur d’Alec, serait là, elle. Comme si sa présence allait achever de le convaincre.
Mais Alec était finalement venu, un carnet de note dans la poche arrière de son jean, son cuir et son étui à guitare sur le dos pour tout bagage.
Sa mère avait préparé sa chambre, celle où il avait passé son enfance et son adolescence et qui n’avait pas spécialement changé depuis. Toujours ce même papier peint bleu ciel constellé de ballons de foot et couvert de posters de ses idoles, glanés au fil du temps et des concerts. Toujours ce même lit une place, collé dans un coin de la pièce, avec sa table de chevet désormais couverte d’une fine couche de poussière. Toujours ce même bureau recouvert d’autocollants. Alec s’assit sur le lit, retira ses grolles et ouvrit son étui à guitare. Il sortit l’instrument, un médiator et entreprit de l’accorder.
Le médiator lui échappa et tomba sous le lit. Il s’agenouilla pour le chercher mais au lieu du petit bout de plastique, il sentit le contact frais d’un petit objet en ferraille. Il le prit et l’observa. C’était une petite voiture rouge, une de celles qu’il faisait rouler à toute vitesse sur le circuit qu’il avait eu en cadeau pour son huitième anniversaire. Il se revit, assit sur le sol de cette chambre, passer des heures à organiser des courses poursuites entre tous ses petits véhicules, faisant tous les bruitages et imitant les différentes voix des personnages qu’il s’était inventé. Qu’est-ce qu’elle foutait sous le lit cette bagnole ? Qu’est-ce qu’elle avait besoin de lui faire repenser à sa vie bien trop normale de gamin de banlieue ?
Il le revoyait, ce gamin, ce petit lui de huit ans avec ses petites voitures, ses albums Panini et ses cheveux noirs en pétard. Le gamin était là, avec lui, une petite voiture rouge dans la main lui aussi, assis à l’autre bout du lit. Alec se regarda, dix-sept ans plus jeune tandis que le gamin le regardait aussi.
» T’es qui ? demanda le petit Alec.
– Je suis l’homme que tu deviendras et dont Maman et Papa auront peur.
– Moi je trouve pas que tu fais peur, dit le gamin. T’as l’air cool, tu ressembles un peu à Alice Cooper. Tu le connais, Alice Cooper ?
– Pas personnellement, mais oui, je suis un grand fan, sourit Alec, je l’ai toujours été visiblement…
– Pourquoi tu dis que Maman et Papa ont peur de toi ?
– Parce que je le pense, parce que ça se voit, parce que je représente tout ce qui ne va pas dans leur vie. Je les confronte à la décadence, à un monde qu’ils ne connaissent pas.
– Moi je pense que tu te trompes, déclara Petit Alec après un temps de réflexion. Moi je pense que même si t’es bizarre et différent, il t’aimeront toujours les parents. La preuve, aujourd’hui encore t’es là pour l’anniv’ de Papa. »
Il n’avait pas tort, Mini-Alec, se dit Starlight. Malgré tous ses excès, ils étaient toujours là.
Alec posa la petite voiture rouge sur la table de nuit, se leva et rejoignit sa mère dans la cuisine. Ça l’avait emmerdé d’être un gamin banal de banlieue mais sans ça, il n’aurait sûrement jamais visé les étoiles. »
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