Smells like teen spirit
Tout a tellement déjà été dit sur Nirvana et sur Nevermind que je ne sais même pas par où commencer. Ni par quoi. Ni d’ailleurs ce que, moi, Leeloo, je pourrai bien avoir l’audace d’écrire sur le sujet. Bien évidemment, lorsque Kurt Cobain se suicide en avril 1994, j’ai 10 ans et je suis encore loin d’écouter du grunge. Mais malgré tout, quand j’apprends sa mort, je sais que c’est quelque chose d’énorme, qu’une idole est partie et même moi, ça me rend triste.
Quelques années plus tard, collège, classe de 4èmeB. Je suis en plein dans ma phase Spice Girls (et j’en parlerai dans cette rubrique, sans vergogne) et NRJ. Une nouvelle arrive dans la classe et devient ma copine. Elle est fan de Nirvana et par conséquent, je le deviens aussi. Je tanne ma mère pendant des semaines pour qu’elle m’achète des CD de Nirvana. Elle finit par m’emmener à la FNAC de la grande ville (je vis en Province, je suis une bouseuse, tu sais) où je passe deux heures dans le rayon à hésiter entre les différents albums. Je ne peux pas tous les prendre, évidemment. J’en choisis trois : Nevermind, Unplugged in NY (dont le About a Girl passe en boucle sur toutes les radios) et le live « hommage » sorti cette année là (1996) From The Muddy Banks of the Wishkah.
C’est le (déjà) cultissime Smells like Teen Spirit qui ouvre l’album. Je le connais par cœur, évidemment. Mais c’est en écoutant l’album en entier que je réalise que Nirvana, c’est bien plus que trois singles que l’on voit et entend partout. C’est plus que trois mecs qui ont fait quelques trucs qui ont pas mal marché. Je ne vais pas te refaire le cours sur l’évolution du rock à travers les âges, ni sur l’impact du grunge dans le monde entier en à peine quelques années. Si tu es un peu cultivé, amateur de rock ou tout simplement mélomane, tu sais tout ça. Et c’est en écoutant pour la première fois Nevermind (qui n’est pas, pour beaucoup, le meilleur album de Nirvana, d’ailleurs) que je me rends compte de l’ampleur, de l’impact qu’ils ont eu, que je comprends les larmes de ces ados que j’ai vu dans les journaux télé au lendemain du suicide de Kurt Cobain. Ils avaient perdu beaucoup plus qu’une star du rock. Ils avaient perdu une partie d’eux-même.
Jeans troués, Doc Marten’s et chemises à carreaux
Avec l’arrivée de Nirvana dans ma vie, j’opère le premier grand changement de mon adolescence. J’abandonne mes pompes « normales » pour des Doc coquées, mes jeans se retrouvent tous avec des trous (Mais, non, M’man, j’ai pas fais exprès, je suis tombée à la récré !) et je pique les vieilles chemises à carreaux de mon frangin, qui dormaient depuis les années 80 dans son placard. Je deviens une « grungette » (comme nous appelait le pion du collège, mes copines et moi. Lui-même étant un punk à cheveux longs, on le respectait plutôt), d’obédience Nirvanienne.
Je vénère littéralement Kurt. Il est partout. En poster, dans mon agenda, dans mes cahiers, sur mes t-shirts, sur les bureaux du collège, dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme. J’ai des centaines de cartes postales à son effigie (à l’époque, c’est la classe), j’écris des « I hate myself and I want to die » partout où je peux, je fais du prosélytisme Nirvanien à qui veut l’entendre et même à qui ne veut pas. Oublié tout le reste, je ne connais plus que Kurt Cobain, Dave Grohl et Chris Novoselic.
Déjà là, je regrette de ne pas avoir été assez grande pour connaître Nirvana de son vivant et une de mes plus grandes déception à l’époque, est de savoir que je ne les verrai jamais en concert¹. Ça le reste encore aujourd’hui, putain…
Et la musique bordel !
Avec Nevermind, je redécouvre des morceaux cultes comme Come As You Are et Lithium et j’en découvre d’autres tout aussi excellents. Ma mention spéciale va (encore aujourd’hui) à Territorial Pissings.
Something in the way me fais pleurer à chaque fois, je crois pendant longtemps que Polly parle d’un perroquet et la piste cachée tellement bordélique me fait halluciner !
Avec Nirvana, je commence à me découvrir musicalement, à aller au-delà de ce que l’on me sert depuis toujours à la radio et que j’avale sans prêter attention et sans broncher. Je me rends compte qu’il y a autre chose que les singles que j’entends depuis des années et plus le temps passe et je me rends compte qu’il y a aussi d’autres groupes dans le même genre qui sont très bons (mais jamais autant que Kurt, JAMAIS !) comme Sonic Youth et Silverchair, ou encore The Offspring du côté du punk.
Avec Nirvana, j’ai ouvert la porte du Monde du Rock. J’y suis entrée et je n’en suis jamais sortie. C’est comme si j’avais trouvé Narnia, c’est dire comme je ne risque pas de revenir !
Quelques lectures sur/imaginées à partir de Kurt Cobain :
– Journal, Kurt Cobain, 10-18, 2004.
– Kurt Cobain, Plus lourd que le Ciel, Charles R. Cross, Editions Camion Blanc, 2003.
– GodSpeed – Une vie de Kurt Cobain, Barnaby Legg, Jim McCarthy, Flameboy, Flammarion, 2004.
¹ Petite consolation quand même, quand, lorsque j’assistai à mon premier concert de Soulfly à Lyon, Max Cavalera et ses acolytes jouèrent Territorial Pissings en guise de rappel. Un grand moment.