Phase 1
Joie : chômage = vacances ! Je m’offre un ou deux mois de répit avant de me lancer dans le bain ! Après trois ans dans #LaBoîte, et son monde kafkaïen, j’ai bien le droit de me reposer un peu, hein ! J’ai plein de séries à rattraper, la maison à ré-organiser, des trucs en attente depuis des semaines à régler, je vais être débordée ! Super ! Ça tombe bien finalement, ce licenciement !
Phase 2
Dépression : Putain, on est 5 millions de chômeurs, jamais je trouverai un job, mon secteur est saturé, je suis vieille, je ne sais rien faire, j’ai deux Bac +2, quelle grosse blague, le peu que je sais, je l’ai appris sur le terrain, j’ai pas de diplôme qui valide tout ça, je suis une merde comparée aux petits jeunes qui sortent d’école à Bac + 5… Je veux mourir.
Phase 3
Motivation : Ok, taquet, je remets mon CV à jour, je cherche des annonces, je réponds, je suis partout, je suis bonne, je vais y arriver, dans deux semaines, c’est réglé !
Phase 4
Dépression : Putain, c’est la merde, personne ne me réponds, j’ai eu un seul entretien et je me suis fait jetée, j’ai du leur faire peur avec mes blagues, je suis con, putain, je suis con, je peux pas fermer ma gueule ! Arrête d’être toi-même en entretien d’embauche enfin, on te l’a déjà dit¹, ne sois pas toi, fais tout pour plaire au recruteur, tu cherches un taf, bordel c’est du sérieux !
Phase 5
Action : Hop, je profite du chomdu pour me former, la formation, c’est bien, on arrête pas de le dire depuis des années, les salariés doivent se former. Avec ça, bim, je vais trouver un job en moins de deux ! Mettre mes compétences à jour et apprendre des nouvelles ça va impressionner les recruteurs, ils aiment bien ça les gens qui savent prendre du recul et s’améliorer d’eux-mêmes, hein, ils aiment ça les recruteurs ? Et puis avec ma personnalité, ma joie de vivre, ça va glisser tout seul ! Je suis forte, je crois en moi, allez !
Phase 6
Dépression : Qu’est-ce que je fous là ? Je gagne du temps c’est tout, c’est complètement con ce que tu fais ma pauvre fille ! Qu’est-ce que tu crois ? Qu’avec tes 5 ans d’expérience professionnelle (de merde, regarde ton CV, sois objective, enfin !) et ta formation courte tu sauras faire la différence avec quelqu’un qui a des vrais diplômes ? Qu’est-ce que je fous là, putain, j’aurai jamais du me lancer là-dedans, je ferais mieux de chercher du boulot dans le monde réel, au lieu de rêver digital et community management…bouffonne, c’est pas parce que tu connais tes memes que tu deviendras CM, arrête de rêver !
Phase 7
Euphorie : C’est génial cette formation, je m’éclate, j’apprends plein de trucs, je rencontre des gens, je suis confortée dans mon choix, je m’y vois déjà ! Je serai Community Manager, à la rentrée, en septembre, c’est sûr ! Putain, mais ouais, ce job est fait pour moi ! Je suis faite pour ça ! Les recruteurs vont se battre pour moi !
Phase 8
Dépression : Ma vie c’est de la merde, je suis une merde, y’a que des offres de stage, j’ai 30 ans putain, je vais pas ENCORE faire des stages, j’ai été stagiaire toute ma vie professionnelle ou presque (en tout cas, j’en avais le salaire…), le monde du travail est pourri, j’aurai jamais du croire en mes capacités, la preuve, personne ne les voit, je me prends râteau sur râteau, lettre de refus sur lettre de refus, je suis complètement à côté de la plaque…
Phase 9
Déni : « Non, tout va bien, je suis confiante, je vais finir par trouver quelque chose, je me laisse la première année pour chercher dans mon domaine d’activité et puis après, si je trouve rien, je prendrai n’importe quoi pour pas mourir de faim, mais c’est la vie, haha, je ne désespère pas haha, ha. Ha. Et puis avec ma formation, ça va m’aider, c’est sûr ! Non, et puis c’est l’été, c’est pas évident, hein, tout le monde part en vacances, les gens n’ont pas la tête à ça, au recrutement, fin août début septembre, ça ira mieux, hein ! Allez, hauts les cœurs ! Le chômage, c’est cool ! Tu peux faire plein de choses à côté, j’ai jamais été aussi débordée…!« , Leeloo, mythomane.
Phase 10
Culpabilité : Je fais tout de travers, c’est certain. Je ne sais pas écrire une lettre de motivation, c’est sûr. Mon CV est moche, pas lisible, pas clair…Et puis faut dire que mon parcours professionnel n’est pas top, j’ai jamais eu de responsabilités. Non et puis là, partir une semaine en vacances, c’est pas cool, je devrai me concentrer sur ma recherche, c’est le moment de me positionner… Je devrais faire plus de candidatures spontanées. Ou plus de relances. Je suis trop difficile, ce job pour une boîte bizarre payé pas cher, j’aurais du le prendre…
And next ?
Plusieurs options s’offrent à moi :
– Le suicide : mais cela impliquerait que je disparaisse totalement de la surface de la Terre et bon, quand même, non.
– L’abandon : je lâche complètement l’affaire, j’oublie mon envie de faire un travail que j’aime et je prends le premier truc où on veut bien de moi, parce que j’ai faim, parce que j’ai crédit de la maison, parce que j’ai enfant à nourrir, parce que j’ai ennui, parce que j’ai sentiment de perdre mon temps.
– La persévérance : concept que je découvre depuis peu grâce au sport, je m’accroche à mon rêve, je surmonte les difficultés et je continue à garder la foi jusqu’à ce que je trouve ENFIN le job que je veux. Puisse cela prendre encore des mois. Dussè-je encore écrire des centaines de lettres de motivation sans réponse. Fus-je capable d’ouvrir une jardinerie avec tous les râteaux que je me prends.
Allez, on va faire ça. Je persévère. J’y crois.
¹ : True story, bro. « Faites attention, vous êtes trop naturelle, ça ne fait pas sérieux. » Pendant un atelier de simulation d’entretien d’embauche, organisé par un prestataire de Pôle Emploi. En 2014.
C’est tout à fait ça. Sauf que moi je n’en suis qu’à « allez jme reprend en main j’envoie des CVs dans tous les sens « même si je sens que les candidatures spontanées ne servent strictement à riiieeeeennnn » – putain tout ça m’attend encore ??!!
Ne désespère pas ! J’ai fini par retrouver du taf, y’a pas de raison que ça ne fonctionne pas pour toi ! 🙂
moi j’en suis a allez une formation est se repartit