Comme je te l’ai expliqué il y a quelques semaines, je ne vis désormais plus en Ile-de-France mais en bien-aimée région Centre-Val-de-Loire et j’ai donc choisi et négocié avec mon patron une activité professionnelle en télétravail. Mais comment ça se passe, Leeloo, me demandes-tu ? Et bien, voici mon histoire bien particulière et pas du tout représentative !
Première chose, car peut-être ne connais-tu pas vraiment le système du télétravail, voici quelques explications. Le télétravail est une organisation de travail qui permet à un·e salarié·e d’exercer son activité depuis son domicile ou tout du moins, à distance, grâce aux outils de télécommunication genre les Internets modernes.
Ce mode d’organisation n’est évidemment pas possible pour tous les métiers mais s’applique très bien pour les gens comme moi qui travaillent dans un bureau, devant un ordi ou au téléphone. Évidemment, on imagine moins bien un plombier réparer une fuite à distance ou une cheffe de restaurant préparer des plats depuis chez elle !
Légalement, le télétravail n’est pas très fortement réglementé. Grosso merdo, le code du travail stipule que chaque entreprise a le droit de le faire à sa sauce, mais qu’il y aussi des limites à déterminer et à respecter car un·e salarié·e en télétravail reste un·e salarié·e avec les mêmes droits que les autres. Dans l’absolu, le télétravail va donc revêtir une forme différente dans chaque entreprise et parfois même pour chaque salarié·e le pratiquant (ce qui est le cas dans ma boîte). Dans tous les cas, cependant, le télétravail se fait avec l’accord mutuel du salarié·e et de l’entreprise et autant que possible pas en freestyle.
Du côté du salarié, il est recommandé, pour que le télétravail se déroule dans les meilleures conditions de disposer d’un espace réservé à l’activité pratiquée (genre un bureau quoi) et d’avoir le matériel nécessaire (un ordi, une connexion internet suffisamment puissante, un téléphone…). Il y aussi des recommandations en ce qui concerne l’assurance de ton domicile mais la loi prévoit que si un accident survient chez toi alors que tu télétravailles, ça sera considéré comme un accident de travail.
Voilà pour les aspects légaux. A retenir : peu d’obligations, beaucoup de négociation avec ton/ta boss pour déterminer ce dont tu as besoin, ce que l’entreprise prend en charge ou pas, la durée, le rythme, les délais d’acceptation de poser un jour de télétravail quand c’est ponctuel…
Dans ma boîte, on n’a pas encore de charte, elle est en cours de finalisation, on fonctionne donc au cas par cas et je vais donc te parler de mon cas.
C’est quoi mon cas à moi, alors ?
Quand j’ai déménagé, j’ai expliqué à mon patron que je ne souhaitais pas quitter mon travail et que si c’était possible, j’aimerais avoir la possibilité de travailler à distance plusieurs jours par semaine. Comme ça l’arrangeait autant que moi que je ne claque pas ma démission, il a accepté et nous avons donc entamé des négociations pour établir mon rythme ainsi que les éléments qui pourraient être pris en charge par l’entreprise.
A la base, je penchais pour une orga en 2j/3j, aka, deux jours au bureau – trois jours à la maison. Mon boss lui, préférait l’inverse. On a donc trouvé un compromis en décidant que j’alternerai : une semaine je fais 2j/3j, une semaine je fais 3j/2j. En gros, chaque semaine, je suis à la maison les lundi, vendredi et un jeudi sur deux.
Je garde cependant une certaine souplesse dans mon organisation, s’il faut par exemple que j’assiste à un événement pour le boulot qui se déroule sur un jour sensé être en télétravail, je peux changer mon jour de présence.
Dans les éléments pris en charge par l’entreprise, la seule obligation de mon boss est de rembourser la moitié de mon Pass Navigo mais il a également accepté de me rembourser la moitié de mes billets de train, ce qui pour le coup, n’est absolument pas obligatoire.
Une semaine type ?
Mes semaines de travail commencent et se terminent de manière assez « cool » puisque le lundi et le vendredi, je bosse de chez moi. Cela ne signifie pas non plus que je fais la grasse mat’ jusqu’à midi puisque je me lève vers 7h pour me préparer et gérer Mini Pouss (qui a 6 ans maintenant, qui va à l’école et sait lire, donc autant te dire que ça mériterait un article entier et que je vais pas m’attarder sur son génie et sa perfection maintenant).
Une fois la progéniture sacrée déposée à l’école, je suis parfois assez motivée pour aller à la salle de sport suer un peu avant de travailler (mais c’est rare, j’y vais plus en fin de journée maintenant) sinon, je monte directement dans mon bureau, situé au deuxième étage de la maison. On est donc sur un trajet de 35 secondes environ.
Avant mon bureau était dans la chambre d’amis mais dans la nouvelle maison, on a une chambre de plus, donc j’ai pu m’accorder une pièce rien que pour moi pour bosser au calme, sans distraction autre que la musique que j’écoute éventuellement et les interventions de Paupiette qui vient ronronner sur mes genoux (extrêmement difficile, je sais).
La matinée se passe classiquement : réunion(s) via Hangouts ou autre plateforme parce que je suis à distance, merci la technologie moderne des Internets, échanges par mail ou chat avec les collègues… rien de bien extraordinaire finalement ou qui change ma façon habituelle de travailler.
Le midi, je déjeune avec Mini Pouss et Cher & Tendre et je retourne bosser ensuite vers 13h30 quand le petit est de nouveau reparti pour l’école.
L’après-midi, idem, boulot dans mon bureau entre-coupé d’une pause pisse-mémé ou deux, et fin de journée aux alentours de 18h selon la masse de travail que j’ai.
Et voilà pour les journées de télétravail.
Le train-train quotidien (jeu de mots)
Pour ce qui est d’aller au bureau, je me lève à 6h du mat’ pour aller choper mon train à 7h et des bananes (merci Cher & Tendre qui fait le taxi la tête dans le cul) pour arriver au bureau vers 9h45.
Dans les deux heures de train, je suis parfois suffisamment motivée pour travailler mais je consacre plus souvent mon trajet à écrire, bouquiner ou regarder des séries ou des films.
Le soir, je rentre chez ma copine/coloc dans l’Essonne où je dors une à deux nuits selon les semaines. Le trajet n’est pas beaucoup plus long que celui que je faisais quand j’habitais en Ile-de-France, c’est juste une autre ligne de RER.
Après mes deux ou trois jours de taf au bureau qui sont absolument identiques à ce que je faisais avant, pour rentrer à la maison, je chope un train qui me fait arriver vers 21h.
Lors de ce trajet-là, c’est uniquement détente : podcasts, séries, pique-nique quand je me suis préparée un truc ou sandwich, petit déca de vieille et kiffance de rentrer à la maison !
Je mentirais si je te disais que c’est pas un peu fatiguant physiquement mais pour le moment, psychologiquement, je supporte pas trop mal les déplacements.
Après, je reconnais qu’on n’est vraiment pas sur la même expérience (ni sur les mêmes tarifs, on est d’accord) entre les deux heures de TER et l’heure (plus ou moins et demie) de RER que je prenais jadis quotidiennement et que je prends encore quelques fois chaque semaine.
Avantages et inconvénients du télétravail
Je n’aurais pas demandé à m’organiser comme ça si je n’y trouvais pas d’avantages pour moi.
Évidemment, télétravailler c’est vraiment bien pour plein d’aspects : moins fatiguant que des déplacements quotidiens, souplesse des horaires, tranquillité et calme de l’espace de travail (l’open space peut parfois être infernal) et donc augmentation de la concentration et de la productivité. Le fait de ne pas être tous les jours au bureau, c’est aussi pour moi assez salutaire en terme de prise de recul par rapport à mon travail, surtout dans les périodes plus difficiles ou quand l’ambiance n’est pas au beau fixe pour x ou y raisons.
Enfin, j’ai pu, grâce à cette organisation, conserver un emploi où j’ai un bon salaire et profiter d’habiter dans une région où les loyers sont bien moins chers et où la vie est bien plus cool.
Parlons inconvénients maintenant, car il y en a, il faut aussi le reconnaître. Mon rythme est assez particulier et devoir partir plusieurs jours chaque semaine n’est pas toujours agréable. Je suis loin de mon mari et de mon fils, et pour le coup, Mini Pouss a eu du mal à digérer le fait que je ne sois pas là tous les soirs au début.
Avoir une vie fragmentée comme ça c’est aussi devoir se trimballer un sac/valise chaque semaine et c’est un peu chiant quand même, malgré le fait que je laisse le minimum vital chez ma coloc. Ça m’a aussi demandé de revoir ma routine, de changer pas mal mon organisation et mes habitudes (c’est nul, c’est des problèmes de riche, je sais) genre, trouver d’autres moments pour aller à la salle de sport, modifier ma façon de gérer ma bouffe pour la semaine (emporter des gamelles de bouffe dans la valoche c’est pas hyper pratique), etc.
Je trouve aussi que le temps passe à une toute autre vitesse maintenant. Être en mouvement si souvent, changer d’environnement régulièrement, naviguer entre deux « mondes », tout ça me donne l’impression que les jours se suivent mais ne se ressemble pas, ce qui pourrait être bien mais peut aussi être assez perturbant.
Je ne vois pas les semaines passer ce qui peut, pour moi en tout cas, être source de stress dans le sens où j’ai à la fois l’impression de ne pas trop contrôler ce qui se passe dans ma vie et de devoir faire preuve de beaucoup d’anticipation pour organiser ma vie et du coup, de devoir tout contrôler. Paradoxal.
Et puis il y aussi l’aspect « sociabilisation » dans le sens où je vois moins mes collègues qu’auparavant – il faut savoir que j’ai vraiment des collègues en or avec qui on se marre beaucoup – et parfois, leurs tronches, leurs blagues de merde peuvent effectivement me manquer.
Premier bilan
Ça fait maintenant presque six mois que j’évolue à ce rythme, que je prends le TER deux fois par semaine, que j’ai deux maisons, deux bureaux, que j’ai réorganisé ma vie différemment et pour le moment ça va.
J’ai passé la période hivernale sans trop d’encombres, je ne suis pas tombée malade ni en dépression, j’attaque le printemps avec des réserves d’énergie pas au plus haut mais pas au bout du rouleau non plus. Malgré tout, je suis pas mécontente d’avoir posé des jours en mai pour m’offrir une semaine complète à la maison, sans boulot, juste à glander !
Rendez-vous dans six mois pour voir si je tiens encore le coup !