Nuit de la lecture 2023 : atelier, chapeaux melon et Goncourt (kamoulox)

De la fin du mois d’octobre 2022 et jusqu’au 19 janvier dernier, j’ai participé à un atelier d’écriture animé par une autrice en résidence à la médiathèque de Châteauroux, Estelle-Sarah Bulle. Au cours de huit séances de deux heures, nous avons travaillé en groupe à la création d’une nouvelle sur le thème de notre choix, dont nous devions lire le résultat lors de la Nuit de la Lecture, qui s’est déroulée le 21 janvier dernier.

Ça a été un triple défi d’écrire une nouvelle à huit mains, dans un temps assez court, avec des gens que je ne connaissais pas et d’avoir présenté le résultat en public et en musique (Bruno et Bruno, deux musiciens nous accompagnaient en impro à la guitare, saxophone et percussions). Mais on l’a fait et on a lu nos textes dans l’auditorium de la médiathèque qui peut accueillir une soixantaine de personnes et on a même fait salle comble !

En tout, quatre textes créés pendant l’atelier ont été lus :

– « L’Exposition », l’histoire d’une famille d’artistes dont le fils, Nirvana, veut devenir banquier ;

– « Noyeux Joel », l’histoire d’une famille de bourgeois dont le fils veut arrêter HEC pour se consacrer aux autres, racontée sous forme d’échanges de mails et de SMS (on s’est bien marré quand on a découvert que les deux groupes sont partis de thèmes similaires inversés pour leurs créations respectives) ;

– « Écrire ensemble », le premier chapitre du projet de roman de Chloé, une participante de l’atelier qui a préféré travailler seule. Chloé a été mon coup de cœur parce que c’est une ado hyper timide et renfermée, qui, lors du premier atelier a à peine osé prononcer son nom devant nous et qui, au fur et à mesure s’est ouverte, jusqu’à parvenir, le soir de notre lecture, à lire à haute voix, devant un public et en parlant dans un micro. C’était tellement émouvant, j’étais trop fière d’elle !

– « Les Collectionneurs Anonymes », celui de mon groupe donc, l’histoire de Benedict, qui collectionne les chapeaux sans jamais les porter et d’Ethel, qui collectionne les Goncourt sans jamais les lire, de leur rencontre et de la relation qui va naître lorsque chacun va oser aller au-delà de lui/elle-même et de ses préjugés.

Outre le très bon moment que j’ai passé pendant la soirée de restitution, j’ai surtout adoré participer à cet atelier. Estelle-Sarah Bulle est une autrice d’une grande gentillesse et d’une grande bienveillance qui nous a donné de bons conseils et qui, aussi, m’a fait de jolis compliments sur mon écriture et je dois dire que mon petit égo « d’écrivante » jamais sûre d’elle a apprécié.

Mais ce que j’ai apprécié par dessus tout, c’est de retrouver le plaisir d’écrire. Je me suis inscrite à l’atelier alors que ça faisait des mois que je n’avais rien écrit, mais genre vraiment rien, que dalle ! J’y allais en espérant me remettre en route, et je suis tellement contente que ça ait fonctionné ! J’ai galéré pendant les ateliers, j’ai galéré entre les ateliers, j’ai eu envie d’abandonner en cours de route mais j’ai persévéré parce que j’étais avec un groupe qui s’était engagé, comme moi, à aller au bout de l’exercice. Et putain comme je suis fière d’être allée au bout ! Ça a été à la fois une expérience créative vraiment importante pour moi et aussi une expérience humaine vraiment chouette, pleine de rencontres, de liens qui se sont créés et j’espère avoir l’occasion de participer à la prochaine édition avec l’auteur ou l’autrice qui sera en résidence.

Comme lorsque j’avais participé à mon tout premier atelier d’écriture dans le monde réel, avec Azilys Tanneau à la barre, cet atelier m’a vraiment poussé à sortir des limbes poisseuses dans lesquelles j’étais empêtrée depuis des mois, à me dire que je n’arriverai plus jamais à rien, à ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit, à ne plus savoir quoi raconter, comment le raconter, où le raconter, à avoir peur de ne pas mettre les bons mots dans le bon ordre, à avoir littéralement la trouille de me poser cinq minutes à mon bureau pour essayer de griffonner quelque chose.

L’atelier d’écriture, surtout en groupe, joue à la fois sur mon amour de l’émulsion entre les différents participants, mais aussi sur mon côté bonne élève : j’ai envie de m’appliquer et de bien suivre les consignes, du coup, je ne me pose pas trop de question et j’y vais. Quand chez moi je suis paralysée devant mon clavier ou ma page de cahier, à me demander ce que je vais bien pouvoir y mettre, à me dire que non, pas ça, c’est pas intéressant, dans un atelier, on te propose un thème, un exercice, une contrainte et un temps défini pour en tirer quelque chose. On s’en fout que ça soit bon, que ça soit beau, l’important c’est d’essayer, d’y aller. Et j’avais besoin de cette déconnexion avec moi-même, de ce passage en mode pilote automatique mais guidée par quelqu’un d’autre pour me débloquer. Terminées mes prises de tête, mes états d’âmes et mes questionnements, là, t’as 30 minutes pour écrire un dialogue, alors sors-toi le stylo de la trousse et enchaîne cocotte !

J’aurai tout aussi bien pu rester chez moi et faire des exercices d’écriture comme ça à mon bureau, tu me diras, mais je n’en étais pas capable non plus. J’avais besoin qu’on me prenne par la main pour me dire quoi faire et Estelle-Sarah a été la personne parfaite pour faire ça. C’est une autrice confirmée qui sait relever les points d’amélioration dans un texte et elle sait le faire avec suffisamment de pincettes et de bienveillance pour ne pas froisser les égos des écrivant·es et les braquer – parce qu’elle aussi écrit, et qu’elle aussi, elle sait ce que ça fait quand on te défonce un texte. Ça fait mal au cœur et ça fait mal au cul ! Un·e auteur·ice, ça se brosse dans le sens du poil pour qu’ielle s’améliore, sinon, ielle plonge dans une tristesse instantanée et se noie dans ses doutes – enfin, moi je suis comme ça ! #TeamFragile

Et puis, Gémeaux un jour, Gémeaux toujours, j’aime rencontrer des gens, découvrir des histoires, des vies, des êtres humains différents de moi mais qui partagent la même « passion », le même goût de l’écriture. Le groupe était composé de personnes de tous horizons, de toutes origines sociales, des écrivant·es confirmé·es et débutant·es, de tous âges, réuni·es autour des tables de la médiathèque une à deux fois par mois pendant quatre mois. J’y ai rencontré des gens incroyables, des personnalités folles, des gens que je n’aurais certainement jamais connu autrement et c’est ça aussi que j’ai adoré.

Pour ne pas te laisser sur ta faim après t’avoir vendu à quel point c’était formidable cet atelier, je t’invite à lire, en exclusivité mondiale, la nouvelle « Les Collectionneurs Anonymes », publiée ici avec l’aimable autorisation de mes co-auteur·ices ! On envisage de créer un recueil souvenir avec les quatre textes créés pendant l’atelier, mais je ne suis pas certaine qu’il soit diffusé au-delà des participant·es, alors profites-en, ça sera peut-être ta seule occasion de découvrir l’histoire d’Ethel et Benedict !

Je te signale, par la même occasion, que j’ai créé une rubrique « Nouvelles & Short Stories » sur le blog, où j’ai partagé, en plus des « Collectionneurs Anonymes », d’autres histoires courtes que j’ai écrit et diffusé sur ma page Patreon à la base (viens !) mais que j’ai envie de faire lire à plus de monde !

 

 

 


Si les ateliers d’écriture t’intéressent mais que tu ne sais pas par quoi commencer, je te recommande de lire Ateliers d’écriture de Martin Winckler, paru chez P.O.L. ça te fera une bonne entrée en matière. Tu peux aussi aller jeter un œil du côté de l’école Les Mots, qui organise des ateliers à Paris mais aussi en distanciel. Elle a organisé l’année dernière et celle d’avant également, un défi « En février, écrivez ! » auquel j’ai participé les deux fois – tu peux lire mes productions sur mon compte instagram d’ailleurs en commençant à fouiller à partir de là !

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