J’avais noté ça comme idées à développer :
Je fume depuis beaucoup trop longtemps. Pourquoi j’ai commencé. Comment j’ai commencé. Quand j’ai arrêté pour MiniPouss. Quand j’ai repris après MiniPouss. Fumer au boulot et dans les lieux publics. La clope électronique. Pourquoi je fume encore. Dépendance psychologique. Impression de ne pas être moi sans clope parce que je fume depuis toujours ou presque. Toute ma vie, j’ai eu une clope au bec. Les paquets de 10 à 10 francs. Les roulées. Pourquoi je fume encore. Bonne question.
Petit message à mon moi du passé : meuf, ça y est t’a arrêté !
Après près de 20 ans, tu as arrêté !
Tou-toute première clope
La vraie toute première latte sur une clope, je crois que c’était en primaire (WHAT ?!). J’ai en tout cas un souvenir très clair d’une fois, où, alors que nous nous apprêtions à rentrer à l’étude avec mes camarades de CM2, l’un d’entre nous (Jimmy ? Fatima ? Gaëtan ? Je ne sais plus vraiment et finalement, ça n’a que peu d’importance…), a convoqué un conciliabule derrière le gymnase, dans un coin planqué. Il avait piqué une clope à sa mère et une petite boîte d’allumettes, de celles que tu avais gratos au tabac quand tu achetais un paquet.
On devait être quatre ou cinq et on s’est dit que, ouais, ça serait hyper cool d’essayer de fumer. Quelqu’un alluma la clope et, les uns après les autres, nous avons tiré une latte dessus. Je ne sais plus si j’ai toussé ou pas. Mais je sais en tout cas que quand la sonnette à retenti dans la cour, on s’est tous précipité pour rentrer à l’étude, trop fiers de nous, de notre acte de rébellion des bacs à sables, persuadés qu’on ne se ferait jamais gaulé pour ça.
Bande de petits cons.
A peine étions-nous monté dans les escaliers que notre Maître et surveillant d’étude, Monsieur Mathon nous a reniflé direct ! « Vous avez fumé!? » « Non« , qu’on a osé lui dire. Tu parles Charles (expression de ma grand-mère), lui-même fumeur, il connaissait bien l’odeur du tabac et la sentir dans les bouches de gamins de même pas dix ans, ça lui a filé un sacré coup de sang. On a finit par devoir écrire je ne sais plus combien de lignes de « Je ne fumerai plus » ou quelque chose comme ça. Je ne sais plus si nos parents ont été prévenus. En tout cas, je n’ai pas le souvenir que ma mère m’ait foutu une chasse à ce moment-là… Mais je ne vais pas faire confiance à mon cerveau et plutôt opter pour la possibilité que je me suis tellement faite déchirer qu’il a préféré refouler tout ça bien loin. Souvenir trop douloureux.
J’aurai du m’en tenir à cette première (fâcheuse) expérience. Mais non.
Quelques mois plus tard, je persistais dans ma connerie.
Cette fois, j’étais au collège, en sixième ou cinquième je crois. Je passais l’après-midi chez ma meilleure amie du primaire, Carine. Elle n’était pas dans le même collège que moi et on se retrouvait de temps en temps les mercredi ou les week-ends, parce qu’on était « amies pour la vie » (MYHTO ! On s’est jamais revues au-delà de la cinquième)
Elle m’a demandé ça comme si c’était déterminant pour le futur de notre amitié et de l’humanité : « t’as déjà fumé ? » Évidemment, je lui ai dit que oui, histoire d’avoir l’air cool et de pas passer pour une « gamine » (que j’étais pourtant). Elle m’a ensuite dit qu’elle aussi et qu’elle fumait même régulièrement et m’a ensuite montré son paquet de Royal Menthol pour me prouver ça. On est alors parties au bord de la rivière municipale en griller une. Elle m’a appris comment vraiment fumer et pas seulement crapoter (elle s’est d’ailleurs bien foutu de ma gueule quand elle a vu que je n’avalais pas la fumée) et on a passé le week-end à fumer des clopes plus ou moins discrètement, dès que l’occasion se présentait, avec sa grande sœur et une de ses copines.
Quand je suis revenue de ce week-end chez moi, je me sentais grande, rebelle, super cool. Mais j’ai pas retenté le coup tout de suite.
C’est véritablement en cinquième que j’ai commencé à acheter des paquets et à fumer tous les jours.
A partir de là, je n’ai plus jamais existé sans cigarette.
Jusqu’à la fin du collège, je fumais en cachette. Évidemment, je n’étais absolument pas discrète et ma mère trouvait régulièrement des paquets planqués dans la doublure de mon bombers (Mais c’est pas à moi, j’te jure, je le garde pour une copine !), des briquets dans la poche de devant de mon sac à dos, des restes de clopes (des « ratchos », qui puaient bien forts mais, ça ne me venais pas à l’esprit que ma mère puisse les sentir) dans mes poches…
C’était la grande époque des petits paquets à 10 francs (pile-poil l’argent que ma mère me donnait pour le bus tous les matins, pardon maman), des clopes fumées derrière le gymnase pendant la récré ou dans le « coin fumeurs » – un renfoncement dans un coin de la cour, squatté uniquement par les gens cools, aka les fumeurs -, des clopes écrasées à la va-vite parce que le pion arrivait, des clopes sur le chemin du retour à la maison, des clopes fumées à la fenêtre de la chambre chez les copines, des paquets planqués dans les poubelles du camping pendant les vacances, des clopes volées aux parents des copains et copines, de l’arrivée des paquets de Winfield 30, de la fin des paquets de 10…Bref, c’était les années 90, on fumait des clopes et c’était notre joie.
Ardèche High
Au lycée, ma mère, ayant depuis bien longtemps compris que je fumais, avait fini par me dire que ça servait à rien que je me planque (mal), autant lui dire la vérité. J’ai avoué. Elle était pas contente. J’étais un peu soulagée. Elle a finit par l’accepter. Je n’avais pas le droit de fumer devant elle, mais elle savait.
Mais parce qu’elle n’était pas non plus abrutie, elle a décidé que c’était elle qui me les achèterait plutôt que de me donner du pognon que j’aurai pu dépenser à autre chose (bière et pétard, et elle avait pas complètement tort). Du coup, je me suis mise à fumer des roulées : ma mère ne m’achetait qu’un paquet par semaine et elle avait l’impression que je ne fumais pas tant que ça.
Au bout d’un moment, je m’achetais mes clopes toute seule, avec mon argent de poche, puis avec mes premiers salaires. Et ça a continué comme ça pendant des années et des années.
Comme un avion sans elle
J’avais toujours une clope. Toujours.
J’étais la clope et elle faisait partie de moi.
La première chose que j’ai installé quand j’ai emménagé dans ma chambre étudiante, ça a été un cendar.
La première chose que j’ai faite quand j’ai emménagé dans mon premier vrai appart’, c’est de fumer une clope en me disant « voilà le symbole que je suis chez moi ».
La première chose que j’ai faite quand j’ai eu ma première bagnole (avant même d’avoir rejoué la scène de Bohemian Rapshody façon Wayne’s World, chose que je m’étais toujours promis de faire), c’est…voilà, de fumer une clope.
Entre mes 16 ans et plus ou moins maintenant, il n’y a eu que très peu de photos de moi sans clope. Et pour être honnête, dans tous mes souvenirs, je suis en train de fumer.
Le Smoking
J’étais une fumeuse. Une vraie.
Qui panique le samedi soir quand elle se rend compte qu’il ne lui reste que deux clopes. Qui a toujours un briquet qui traine dans tous ses manteaux et sacs. Qui connait les bureaux de tabacs ouverts le dimanche et/ou le soir tard. Qui repère les bureaux de tabac quand elle arrive dans une nouvelle ville. Qui ne part pas en soirée sans un paquet neuf. Qui fume ce paquet en une soirée. Qui fume le matin avec son café. Qui a pu fumer au boulot, dans les restos, dans le train, avant le passage de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Qui fume en buvant une bière. Qui fume après manger. Qui fume quand elle sait pas quoi faire. Qui fume quand elle attend son bus, son train, quelqu’un…
Qui tousse en hiver, qui a la gorge sèche en été.
Qui crache ses poumons quand elle fait du sport mais qui fume une bonne grosse clopasse dès qu’elle sort de l’entraînement.
Pendant près de 20 ans, je n’ai pas essayé une seule fois d’arrêter, je n’en avais pas envie et je savais très bien que ça serait peine perdue.
Et puis je suis tombée enceinte.
L’époque MiniPouss
J’avais l’habitude de dire : « J’arrêterai quand je serai enceinte, même si je dois en chier, j’arrêterai « . Et bizarrement, j’ai réussi. J’ai appris que j’étais enceinte, j’ai fini le paquet que j’avais (il devait m’en rester moins de dix), et je n’ai pas re-fumé pendant près d’un an.
Merci les hormones !
Parce que, laisse moi te dire que les hormones de grossesse, douces remplaçantes de la nicotine, quand elles ont commencé à se barrer, il a pas fallu longtemps pour que je me dise que j’avais besoin d’une clope !
Entre la fatigue et la grosse perturbation psychologique que provoquait la maternité chez moi, j’avais besoin de retrouver ma plus vieille amie, celle qui avait vraiment toujours été là pour moi, celle qui me symbolisait, qui me représentait. C’était trop pour moi d’être mère et d’arrêter la clope en même temps. Trop de changement. Trop brutal. Je ne me reconnaissais pas en non-fumeuse. J’avais trop de mal à me reconnaître en tant que mère, je ne pouvais pas me donner une difficulté supplémentaire à surmonter à ce moment-là. Je n’étais pas assez solide pour ça.
Alors, deux mois après la naissance de MiniPouss, j’ai repris.
En mode myhto, d’abord « Non, mais t’inquiète, c’est juste en soirée ! », puis en mode négo ensuite « Non mais juste après les repas, comme ça ça en fait que trois dans la journée », puis enfin, en mode réglo (plus ou moins) « Ouais j’ai repris, ouais, mais c’était ça ou je tuais quelqu’un ! Et puis avec le régime post-grossesse, je peux pas tout arrêter : et arrêter de manger et arrêter de fumer ! »
C’était reparti comme en 40.
Je me suis menti pendant quelques mois en me disant que je fumais moins qu’avant, que finalement, j’avais repris mais que c’était pas si grave parce que je fumais plus tant que ça, mais c’était pas vrai. Je re-fumais, un point c’est tout.
Le déclic
Je ne sais pas vraiment ce qui m’a donné envie d’arrêter il y a quelques mois. Le sale goût dans la bouche en permanence et la consommation de chewing-gum à outrance qui me rendait ouf. Le fait que Cher & Tendre arrête (et soit insupportable pendant des semaines) alors qu’il était à un paquet par jour. Le fait que ça coûte de plus en plus cher. Le fait que chaque fois que je fumais une clope « pour rien », c’est-à-dire, en dehors des trois clopes post-repas qui étaient à mes yeux, indispensables, je me demandais pourquoi je faisais ça et je la fumais limite pas en entier.
Ou alors le fait que MiniPouss me dise un jour « Maman, moi aussi je veux souffler comme toi avec ça » en désignant ma clope que je ne dissimulais même plus en sa présence, alors que j’en grillais une sur la terrasse.
Toujours est-il que, sur les conseil d’un pote, ex-fumeur devenu vapoteur, j’ai investi dans une cigarette électronique. D’abord pour remplacer les clopes qui servent à rien. Puis, au bout de quelques jours, pour remplacer toutes les clopes.
Ça ne fait « que » trois mois que j’ai arrêté, et encore, avec l’aide d’une cigarette électronique. J’ai l’impression d’être une imposteur mais en tout cas, je ne consomme plus de tabac. Je ne sais pas combien de temps je vais avoir besoin de ma béquille électronique.
J’ai vaincu la dépendance psychologique en réussissant à ne plus me dire que sans clope, je ne suis pas moi. Je suis en train de combattre la dépendance physique à la nicotine en réduisant la dose petit à petit.
Si j’y arrive, je serai fière de moi.
Je lis tes articles, mais je commente pas alors du coup là je commente pour te dire que j’aime beaucoup comment tu écris, voilà !
Bisous
Mégane / Olympe / hitalique / whatever
Juste un petit mot pour dire que j’aime beaucoup comment tu écris et que j’ai arreté la clope après le mémoire donc force et courage sur toi !
Merci cutie pie ! Et force sur toi aussi ! 😘