#TBT – System of a Down – Album éponyme & Toxicity

1999, environ, je suis en seconde dans un lycée d’Ardèche. Avec mes copines, on squatte indéfiniment le Black Hole, bar métal totalement improbable dans une si petite ville.

Le patron du bar, un hard rocker marseillais aux cheveux longs, nous passe des sons de folie en permanence. Et un jour, alors qu’on est déjà bourrées après deux demis pêche, il nous envoie ça dans la tronche.

Plus qu’une claque, une mandale, un uppercut, un side-kick, Chuck Norris qui nous tatane la gueule.

C’était ma première rencontre avec System Of A Down et la voix inimitable de Serj Tankian. 

Leur album était sorti un an auparavant et il est devenu en quelques secondes le disque de chevet de mes années lycée.

Véritable nid à tubes devenus des classiques (Suit Pee, Sugar, War, Know, Spiders…) cet album est une tuerie. Point.

Le son SOAD

Comment définir un truc aussi fou devenu maintenant quasi « normal »…? Tout d’abord, ce qui surprend à la première écoute du premier album c’est ce riff, cette rapidité des grattes, ces rythmiques inattendues. Et puis, après, le deuxième effet Kiss Kool, c’est la putain de voix de Serj Tankian. Les américano-améniens ont su assembler un son purement métal avec leurs racines. Des rythmes que tu entends habituellement joués par des orchestres à la Goran Bregovic, mais avec des grosses grattes.

Époustouflant.

Tout simplement.

Et puis, dans ce déluge de riffs, de rythmes endiablés, vient Spiders.

Gifle qui te fais chialer. Gifle qui te retourne le cœur. Gifle qui cristallise des milliers d’émotions qui s’entremêlent dans ton petit cerveau d’ado. Gifle qui deviendra LA chanson de ton mec de l’époque et toi, quand vous passez des heures dans les bras l’un de l’autre à vous regarder dans le blanc des yeux. Gifle du premier amour.

Toxicity, gifle des gifles

Quand j’entre en terminale, SOAD sort son second album, Toxicity. Je viens de changer de lycée. Je passe mon bac à la fin de l’année. C’est l’année des deux tours. C’est l’année de MON grand amour d’adolescente. C’est l’année des premières fois (je te fais pas de dessin, tu as (eu) 17 ans, tu sais ce que c’est).

Le premier single de l’album met les choses tout de suite à plat : cet album va devenir un incontournable.

Quand je vois le clip pour la première fois (encore une fois dans Total Métal sur MCM, je ne remercierai jamais assez cette chaîne…) et donc que j’entends le morceau pour la première fois également, je ne m’y attendais clairement pas. Je n’étais pas prête. Je ne m’en suis jamais remise.

Ce « Wake up, grab a brush and put a little make up » scandé si vite, avec ces grattes et cette batterie qui assènent en fond…pour t’emmener vers le bridge « I don’t think you trust…« , chanté avec tant de douceur… Il n’y a pas de mots autres que CLAQUE DANS TA GUEULE.

Toxicity s’écoute d’une traite. Sans pause, jamais. A chaque fois. 

Tout comme le premier album était mon disque de chevet, celui-ci était la bande son de ma vie. Je l’écoutais partout (sur mon discman, TMTC si t’es vieux), tout le temps. Il était là quand je révisais le bac, quand j’allais en soirée chez mes copines et qu’il était le principal CD qu’on écoutait en chantant comme des malades, quand j’écrivais des lettres d’amour de 5 pages à mon amoureux, quand je lui envoyais des textos par paquet de 10 en niquant tout mon forfait, quand j’allais le voir le week-end, quand on était ensemble le week-end, quand je revenais de chez lui le week-end, quand on a tout les deux commencé notre premier job d’été dans le même endroit, quand il m’a largué pour une autre ce même été…

(Tu le sens venir le côté dramatique…?)

Quand on s’est remis ensemble à la fin de l’été. Quand on est partis faire nos études ensemble à Lyon à la rentrée. Quand on s’est de nouveau séparé, cette fois définitivement, quelques mois plus tard.

Bande originale de mon premier chagrin d’amour

C’est là que, pour la première fois, je n’ai plus pu écouter un album pendant plusieurs années. C’était Toxicity. Trop chargé en émotions et en souvenirs, cet album magique, magnifique, musicalement riche, explosif, me faisait mal, trop mal. 

Dès que j’entendais les premières notes de n’importe quel morceaux de l’album, je repartais vers les moments les plus durs de ma petite vie d’adolescente et dans ce tourbillon de chagrin qu’avait provoqué ce mec. Parce que pire que de me rappeler les mauvais moments, il me rappelait les bons. Ceux que je ne croyais jamais pouvoir revivre avec un autre. Ceux que j’étais persuadée d’avoir perdu. Pour toujours et que je ne revivrai jamais plus.

Pendant au moins deux ans, rien que de voir la couverture de l’album était un supplice.

J’avais beau continuer d’écouter les autres albums, l’éponyme et le suivant, Steal This Album, Toxicity, c’était impossible.

Happy birthday to me

Je crois que j’ai commencé à guérir de Toxicity quand j’ai vu SOAD pour la première fois en concert à Lyon, à la Halle Tony Garnier. Le jour de mes 21 ans (si je ne me trompe pas, ma mémoire n’est plus aussi vivace maintenant que j’ai passé la barre des 30 ans…). Mon premier pass press. J’ai pu, ce soir là, accrocher de nouveaux souvenirs aux morceaux de Toxicity, hurler à la mort sur toutes les chansons avec Miloon pour exorciser toute cette peine que je trimbalais encore trois ans après la rupture (quand je te dis que c’était mon premier putain d’amour, avec un putain de GRAND A, je ne te raconte pas de conneries).

Ce jour-là, les voir, en vrai, si près, si fort, et partager ça avec des milliers d’autres gens, ça m’a réconcilié avec Toxicity. Aujourd’hui, 10 ans après, je voyage toujours dans le temps avec cet album, j’ai toujours des flashs plus ou moins joyeux qui apparaissent, mais je n’ai plus mal.

Aujourd’hui, je suis guérie.

Je crois.

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