Yo, je vais te dire ce que je veux, ce que je veux vraiment vraiment !
Tu l’auras compris, le Throwback Thursday de cette semaine est consacré aux légendaires Spice Girls. A mi-chemin entre album de la honte et incontournable des années 90, l’album Spice, premier opus des 5 anglaises les plus cools du monde (entre 1996 et 1998), m’a évidemment profondément marqué.
En 1996, j’ai 12 ans, je suis en 4ème (parce que j’ai sauté une classe, ce qui m’emmerde un peu parce que je suis plus jeune que tout le monde. Je redouble donc d’énergie à tenter d’être cool, chose à laquelle j’échoue lamentablement), c’est l’année du premier tant attendu voyage scolaire en Angleterre et les ondes radios, chaînes de télé et magazines à destination des adolescentes comme moi ne parlent que d’elles.
Elles, ce sont les Spice Girls.
Cinq nanas venues d’Angleterre – Mel C., Mel B., Victoria, Emma et Geri – forment l’un des premiers girl band à très gros succès des années 90. Vendues comme une groupe de copines aux personnalités et aux tempérament bien trempés, elles ne sont qu’un pur produit marketing construit de toutes pièces par leur maison de disque.
Recrutées sur casting, vaguement chanteuses, vaguement danseuses, elles sont lookées de façon à ce que chaque gamine puisse s’identifier à l’une d’entre elle. Emma c’est la blonde à couettes un peu poupée mais en même temps un peu « ronde » (je mets des guillemets, parce que la rondeur en 1996 c’est quand tu fais du 38), Mel B. la renoi de service au look déjanté (et qui a un piercing sur la langue !), Mel C. la sportive un peu masculine qui s’habille toujours en jogging, Geri la femme vaguement fatale talons hauts-robes moulantes et Victoria la bourgeoise snob (d’où son surnom de Posh Spice) toujours en train de tirer la gueule.
Évidemment, dès la première apparition du single sur NRJ et du clip sur M6, je deviens absolument FAN des Spice Girls.
Girl Power !
Comme toute bonne fan des Spice Girls, je choisis celle à qui je m’identifie. Je suis Emma et mes copines les autres, avec des grands débats autour de laquelle aura le droit d’être Victoria (très demandée parce qu’apparemment c’était la plus classe). Moi je m’en fous, Emma me va bien, je suis blonde comme elle, je suis mal dans ma peau et elle semble être bien dans la sienne avec ses robes, ses pompes à plateformes, ses couettes, ses colliers avec des fleurs… Alors qu’à cela ne tienne, elle sera mon modèle.
Ma chambre devient un temple à leur gloire : posters dans tous les coins, cartes postales, livre officiel biographique des Spice Girls (qui raconte la vie de chacune d’elle), magazines hors-séries, paroles de chansons obtenues dans Star Club (Tu te rappelles ? Je les ai collectionnées pendant des années, j’en avais un paquet énorme et je crois qu’il est encore dans un carton chez ma mère), bref, il y avait de la fille épicée PARTOUT !
Après d’âpres négociations, j’arrive à obtenir de ma mère le CD de Spice à Noël (malgré le fait que les deux ou trois premiers singles soient déjà sortis en radio) et peux enfin m’immerger totalement dans le monde coloré des Spice Girls des heures durant.
Naïveté quand tu nous tiens…
Parlons musique, à présent. Bon, en terme de style, c’est de la pure soupe pop des années 90, pas besoin d’aller chercher plus loin. Elles chantent vaguement, elles rappent vaguement sur les breaks, elles ont une choré pour chaque chanson/clip, les instrus sont teintées de synthé…la base quoi.
En revanche, au niveau des textes, même si c’est pas du Shakespeare, elles ont fait leur petit scandale à l’époque, à côté duquel je suis totalement passée, avec toute l’innocence qui me caractérisais à 12 ans et demi. En effet, il semblerait que les demoiselles parlaient assez ouvertement de rapports sexuels, de leurs envies et désirs et représentaient des femmes indépendantes et qui ne se laissaient pas faire ! C’était l’avènement du Girl Power à la sauce édulcorée.
Bien que cela vienne probablement de l’esprit malin d’un quelconque publicitaire, cet côté « féministe » des Spice Girls était assez séduisant auprès des filles ados et pré-ados qui trouvaient en elles des modèles de femmes, qui, pour une fois, n’étaient pas là (uniquement) pour séduire un public masculin ou soutenir un artiste masculin. Elles étaient là pour être elles-mêmes (ou l’image d’elles-mêmes qu’on leur a attribué) : des femmes différentes, aux compétences différentes, mais qui se soutiennent et savent ce qu’elles veulent.
Et c’était encore rare à l’époque, à l’heure du carton de l’eurodance et des binômes homme/femme où la femme chante et expose ses boobs et le mec rappe et expose ses muscles.
Du côté des Spice Girls, et je m’en rends compte maintenant que je comprends le sens des paroles, on parlait plutôt ouvertement de sexe et de désir, notamment dans des morceaux comme Last Time Lover, 2 become 1 (où elles osaient même faire la promo du port du préservatif, en chantant « Be a little wiser baby, put it on, put it on…« ) ou Love Thing.
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On parlait aussi de Girl Power et que les copines c’est la vie avec l’hymne Wannabe et on osait même critiquer un peu le showbiz et ces gens qui sont prêts à tout et se la racontent dans Who Do You Think You Are ? !
Spice World et pis s’en vont
En 1997, à peine un an après, elles sortent leur second album qui se vendra aussi bien que le premier et que j’écoutai presque autant que le premier, Spice World. Ce dernier réunissait quelques tubes comme Spice Up Your Life, Move Over (Generation Next) (dont le clip qui n’est qu’une pub géante pour Pepsi), Stop, Too Much ou Viva Forever. Spice World, c’est également un film (que je n’ai malheureusement jamais vu, je commençais déjà à passer à autre chose !) qui a apparemment été un énorme bide.
C’était déjà presque l’heure de la fin des Spice Girls, qui tentèrent un dernier coup en 2000 avec Forever, mais 1. Geri avait quitté le groupe pour se lancer en solo et 2. la spicemania était déjà loin.
La suite : des carrières solos plus ou moins marquantes et des tentatives de retour au moment où les 90’s redevinrent un peu hype.
God Save The Queens
C’est lorsque les Spice Girls sont partout que je me rends pour la première fois en Grande-Bretagne, en voyage scolaire. De ma première visite de Londres, je ne ramènerai que quelques souvenirs avec mon argent de poche, mais il y avait, dans le lot, un incontournable pendentif en forme de fleur avec les lettres SPICE écrites dans chacun des pétales.
Lors de ce voyage j’ai eu le sentiment d’être dans le monde de mes idoles, de vivre leur vie, de marcher dans les rues où elles avaient peut-être marché, de respirer l’air qu’elles avaient respiré… Je me suis sentie proche d’elles, moi qui vivais si loin et qui ne les verrai jamais en concert (parce que ça coûtait une fortune et que j’habitais en province et qu’à l’époque les concerts étaient uniquement à Paris ou Lyon).
C’était ma façon de vivre mon « Spice moment ».
J’étais très fière de pouvoir me dire que j’avais mis les pieds dans la ville des Spice Girls.
On est con quand on a 13 ans.