Cette semaine, j’ai décidé, avec l’aide d’un excellent article paru dans le non-moins excellent magazine Slate, de t’instruire, de te culturer, de t’apprendre des choses. En effet, l’article dont je te parle évoque directement l’attachement que l’on peut avoir à la musique que l’on écoutait dans notre adolescence.
Lorsqu’il est apparu dans ma TL sur Twitter, son titre m’a tout de suite interpellé :
Si vous êtes attachés à la musique de votre adolescence, c’est à cause de votre cerveau
« Tiens », me dis-je alors, « on dirait bien que quelqu’un aurait une explication scientifique sur l’origine des Throwback Thursdays ». En effet, le concept même des #TBT sur ce blog c’est de parler des albums qui ont marqué mon adolescence et qui me font me dire, comme tout bonne vieille conne débutante qui se respecte, que c’était mieux avant.
Et, à la lecture de cet article, il apparaîtrait donc qu’il y ait une explication scientifique au fait que je sois particulièrement attachée à Linkin Park, Marilyn Manson et autres Coal Chamber. Je ne suis pas seulement une vieille conne en apprentissage, non ! C’est mon cerveau qui est un vieux con. Enfin presque.
Le chapô de l’article résume bien le concept :
La joie qui nous assaille en réécoutant nos chansons préférées n’est pas juste un phénomène culturel: c’est une commande neuronale.
C’est donc ça…
En d’autres termes, la nostalgie musicale n’est pas juste un phénomène culturel: c’est une commande neuronale. Et peu importe le degré de sophistication que nos goûts peuvent atteindre plus tard, nos cerveaux restent parfois bloqués sur ces chansons qui nous ont obsédés pendant la période si hautement théâtrale de notre adolescence.
L’auteur de l’article, Mark Joseph Stern, nous explique alors le fonctionnement du cerveau avec la musique : la première fois que l’on entend un morceau, c’est le cortex auditif qui est stimulé et qui se charge de convertir les rythmes, les mélodies et tout le bazar en un « tout cohérent« , que l’on interprète comme « musique ».
Si tu écoutes une chanson en la chantant dans ta tête, c’est le job du cortex prémoteur. Si tu le fais en dansant, ce sont tes neurones qui assurent la synchro des mouvements et du rythme (pas toujours facile pour tout le monde, hein…) et enfin, si tu te concentres sur la mélodie et les paroles, c’est maintenant ton lobe pariétal qui s’active.
Et puis…
Quand vous écoutez une chanson qui déclenche des souvenirs, votre cortex préfrontal, qui garde les informations relatives à votre vie personnelle et à vos relations avec les autres, se met en action.
Sacré cortex préfrontal, toujours là pour nous faire vibrer, celui-là !
Et j’exagère à peine ! Des études ont montré que la musique avait un effet complètement fou sur le cerveau et encore plus lorsqu’il s’agit de nos chansons favorites : elles stimulent nos circuits du plaisir (coquines), libérant un flot de dopamine, de sérotonine, d’ocytocine et d’autres hormones provocatrices de bien-être. Rien que ça. Ouais. Et ça, c’est valable chez monsieur et madame tout le monde.
Quand tu es ado, c’est encore plus fou.
Si la musique allume ces étincelles d’activité neuronale chez tout le monde, chez les jeunes, elles se transforment en festival pyrotechnique.
D’après les scientifiques, la musique que nous écoutons pendant notre adolescence a tendance à s’incruster définitivement dans nos neurones, qui sont, à ce moment-là de notre développement, en pleine ébullition.
Lorsque nous formons des connexions neuronales en écoutant une chanson se crée une forte trace mnésique qui se charge d’émotions exacerbées dues en partie à un déferlement d’hormones de croissance propre à la puberté. Ces hormones disent à notre cerveau que tout est d’une extrême importance –et surtout les chansons qui composent la bande-son de nos rêves (et de nos hontes) d’adolescents.
En plus de ce feu d’artifice neuronal, la musique pendant l’adolescence c’est « une forme de revendication, une marque d’appartenance à un certain groupe social », ajoute un psy cité dans l’article, ce qui confère à nos musiques d’ado d’autant plus de pouvoir dans notre cerveau.
Ainsi, (et je te passe les détails du raisonnement, je t’invite à lire l’article pour tout comprendre encore mieux)
Ces chansons forment la bande-son de ce qui semble être, sur le moment, les années les plus vitales et capitales de notre existence. La chanson de notre premier baiser, de notre première boum, de notre première taffe, reste attachée à ce souvenir et s’approprie une parcelle de sa profondeur.
La bande-son de ton adolescence.
Ça se tient complètement, tu trouves pas ?
L’auteur va même plus loin, qualifiant la musique de notre adolescence de :
Tunnel spatiotemporel neurologique qui nous offre un aperçu de l’époque où notre cerveau bondissait de joie en entendant la musique qui en est venue à définir qui nous sommes.
Et il conclue sur :
A chaque fois que nous entendons les chansons que nous aimions, la joie qu’elles nous procuraient autrefois nous inonde à nouveau.
C’est ce que je me tue à te dire dans cette rubrique depuis le début ! Quand dans le #TBT sur Linkin Park, je te parle d’émotions en hyperliens, c’est ce que je voulais dire ! Bon, maintenant, on sait qu’il y a une explication scientifique, faite d’hormones, de neurones, de transmetteurs et de cortex derrière tout ça.
Ça fait tout de suite moins magique que « cette chanson est gravée dans mon âme pour toujours et à jamais » ou « ce groupe est tellement puissant que mon coeur ne s’en détache pas« , mais ça fait le même effet : un voyage dans le temps et dans les émotions. Rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain embarquement !