Philosophie de comptoir : internet

Ce qui en résulte, c’est que j’ai toujours la tête pleine de choses, plus ou moins intéressantes, plus ou moins intelligentes, qui me suivent tout au long de la journée. Parce que oui, je fais partie de ces gens sur-connectés. Sur l’ordinateur à la maison, sur l’ordinateur du boulot, sur le smartphone partout ailleurs, il y a toujours un bout d’internet près de moi.

C’est un état de fait pour moi, j’en suis arrivée à un stade où je suis toujours en train de lire quelque chose, de regarder quelque chose, de tweeter ou de liker quelque chose… Je sais pertinemment que ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, mais c’est ainsi, on est en 2013 et si en 2013 tu passes pas 10 heures par jour sur le net, t’as raté ta vie. #nonmaisallo #ironie #calmetoi #ouijemetsdeshashtagdansmespostsdeblogetjetemmerde

Donc, je disais, que j’ai toujours des tas de choses dans ma tête à force de passer mon temps à surfer sur le net.

Par exemple, depuis quelques jours maintenant, je repense régulièrement au site internet de ce mec qui a pris des photos de sa femme pendant ses 4 années de lutte contre le cancer du sein. Ces images m’ont bouleversée, leur histoire m’a bouleversée, j’ai du mal à m’en défaire.

Mais il y a d’autres habitants dans ma tête. En ce moment, Grumpy Cat cohabite avec Cahuzac, le GUD, Relfets.info, les pauvres gens qui racontent leurs mésaventures sur NotAlwaysRight, la musique « Mister Sandman » qui sert d’identité musicale à Auchan, Cyril Hanouna, des féministes enragées, des scientifiques qui mangent des hamburgers en Belgique (dédicace), des boîtes à bento, des chatons bien sûr, Marilyn Manson et YSL, des équipes de roller derby du monde entier… bref, ça commence à être serré là-dedans.

Je me demande alors à quoi me sert cet auto-remplissage de cerveau. Pourquoi je ressens ce besoin irrépressible de fureter, de lire, de geeker ? Est-ce que ma vie est si vide pour que je me sente obligée de la remplir avec des pelletés de meme ? Non, même pas, j’ai un job, un conjoint, un enfant, des potes, plein de choses à faire tout le temps, je ne me sens ni déprimée, ni seule. In your face le cliché de la no-life !

Photo non-contractuelle. NON-CONTRACTUELLE j’ai dit !

Mais il s’avère que je suis très probablement atteinte de flémingite aigue à tendance procrastinatoire et c’est pour ça que je préfère zoner sur Twitter plutôt que de m’avancer dans mon taf. Je suis aussi atteinte de curiosité maladive qui me pousse à vouloir sans cesse savoir ce qu’il se passe dans le monde, autour de moi, chez mes potes… et c’est pour ça que je fouine tout le temps sur les sites d’infos et les réseaux sociaux. Je suis une sorte de stalker de mon propre univers, de mon monde, de mon pays, de mon entourage.

Bon par contre, pour les lolcats, les gifs, les rage faces et les memes, y’a pas d’excuses, c’est juste que j’ai un humour de merde et que ça me fait rire.

Depuis des années, je tue le temps sur internet. Je fais partie de cette génération qui n’est pas née avec, mais qui l’a découvert à l’adolescence et pour qui c’est devenu quelque chose d’incontournable. Comme certains de nos parents avec la téloche. Internet fait partie de mon décor, comme une vieille Philips qui resterait toujours allumée.
(J’ai choisi cette marque parce que ma mamie en a encore une, avec les boutons des chaines à côté de l’écran et un bon gros tube cathodique des familles et que ça a un côté nostalgique pour moi)

Oui, bon, ça va…

J’aime le net autant que je le déteste. Il me rend dingue parfois parce qu’il me balance à la tronche la connerie des autres alors que j’aurais certainement préféré l’ignorer. Mais il me balance aussi des morceaux de réalité insoupçonnée, de réalité cachée, de réalité censurée et pour cela je ne regrette pas d’y passer une grande partie de mes journées. 

Internet c’est ma télé sur le monde. Elle m’abrutit tout autant qu’elle m’instruit. Elle m’ennuie tout autant qu’elle me divertit. Internet c’est un peu TF1 et Arte qui auraient fait un môme et qui le laisseraient raconter ce qu’il veut tout le temps. Un sale gosse ingérable mais qu’au fond tu aimes quand même. 

Un commentaire pour “Philosophie de comptoir : internet

  1. J’ai voulu mettre ta conclusion en quote of the day. Mais ça passait pas. Elle m’a émue tout plein (et le fait aussi que je procrastine en ce moment même n’y est peut-être pas étranger). Les scientifiques belges qui mangent des hamburgers te saluent !

    (en plus j’ai eu Wes en bannière … trop bien !)

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