Jeudi 12 avril, le grand jour avec un grand J.
Je n’étais pas stressée, merde, ça craint, c’est pas bon signe…merde, merde, merde, merde…
Café, clope, caca, les 3C du matin. Et là, ça y est je commence à stresser…Fausse alerte, mon rêve va bien se réaliser.
Retour à la case gare, train deux heures, et malgré la dose d’Euphytose que je m’envoie, pas moyen de me clamer je suis en transe. A côté de moi, un britannique qui m’a volé ma place à côté de la fenêtre mais c’est pas grave, je suis dans le sens de la marche cette fois-ci, hallelhujia!
Approchant de Paris, la pression monte encore un peu plus. Je vérifie cent fois mon sac, mon Cd que j’ai apporté au cas où on a le droit à un autographe, ma bouteille d’eau, mon itinéraire de la RATP, mes tickets de métro/bus/RER, mes couilles (ah non je les ai oubliées…), mon calepin, mon dictaphone, mes piles, mon portable…tout est là.
« Mesdames et messieurs, nous allons entrer en gare de Paris Austerlitz, terminus du train. Merci de vérifier que vous n’avez rien oublié dans le train. Correspondances pour… » AAAAaaahh, j’y suis, va falloir que je me rende maintenant dans le RER pour Invalides puis de là, prendre un bus pour Alma-Marceau et ensuite trouver la Rue Pierre 1er de Serbie. Quelle aventure! (Si, si, pour moi c’est une vraie aventure!)
RER : Formidable je ne comprends rien du tout!! Y’en a pleins qui vont dans le même sens mais pas au même endroit! Je prends finalement celui pour Invalides, et c’est le bon. Youhou! C’est chelou, y’a des étages, des vieux sièges, c’est pas glamour, mais c’est Paris quoi.
BUS : Plus facile, plus joli. Je l’attends à côté du pont des Invalides (je crois), et je vois même la Tour Eiffel, TOURIST POWER! Je monte dedans avec mon petit ticket à la main, telle une enfant de huit ans qui prend le bus pour la première fois, fière de montrer qu’elle ne fraude pas! Quelques arrêts plus loin, je descends, et là je commence à réaliser où je suis : le huitième arrondissement. C’est LE quartier où les gens ont du pognon, avec le seizième je crois. Je suis pas très loin de l’Avenue Georges V, c’est dire! Pas une sandwicherie, pas un kebab, non! Que des traiteurs, des brasseries lounge, des resto chics…je suis pas prête de manger moi, avec ma dégaine on va limite me jeter hors du quartier!
PIEDS : Comment s’y retrouver dans un endroit qu’on ne connait pas et ce, sans plan ? Utiliser la technique Leeloo! Avancer tout droit où ton instinct te guide, trouver une dame sur un banc avec un plan de Paris, lui emprunter, lui demander quelques indications, continuer encore tout droit, te tromper de sens de rue (c’est une rue en deux morceaux en fait), appercevoir un bureau de tabac, acheter des clopes, retirer des sous, acheter une salade à 4,50 euros dans une boulangerie classe, retourner dans le sens inverse et trouver l’Hotel où tu as rendez-vous…dans deux heures!
Je me trouve alors un banc, sur un trottoir, il fait beau je me cale au soleil, et je déguste cette horreur appelée salade au chèvre qui m’a couté la peau du cul, accompagnée d’un pain dégueu. Vive Paris! Je guette les fenêtres de l’Hotel, histoire peut-être d’appercevoir celui pour qui je suis en train de m’intoxiquer alimentairement, mais tout ce que je vois venir, c’est des gens fashions et des clodos. Quelques minutes plus tard, arrive Julien, (voir Part 1), qui me reconnait, et on commence à attendre ensemble, ça occupe au moins. On es t là devant l’hotel, tout de noir vêtus et les gens se demandent ce qu’on fout là je pense. On parle zic, webzines, tout ça tout ça. Arrive Victor, son pote caméraman qui va filmer la conférence pour Spirit.
On entre alors dans l’hotel. La classe de chez la classe, un mélange de déco rustique et design. Les gens de l’accueil ne nous laissent pas placer un mot, « Vous venez pour la conférence »? Comment ça c’est écrit sur notre gueule ??? On nous fait alors patienter dans le salon lounge (ou tu t’allounge, ouai!), on passe à peine inaperçus, j’adore!! Mauranne passe (Oui la chanteuse).
Arrive alors Delphine, toujours aussi survoltée, qui nous demande quelques infos et nous annonce que la conférence ne se fera pas là, mais dans un autre endroit pas loin. Ok, on sort et on va attendre dehors, pas de soucis, tant que ça se fait. Mon stress diminue, parce que je suis avec des gens sympas, on papote, on retrouve les mêmes qu’il y a deux jours, on déconne sur les questions à poser ou ne pas poser, on en prépare quelques unes bien pourries qui ne sortiront jamais de nos bouches « Do you sandwich au thon ? », « Where is Brian? », et j’en passe…!
Tout le monde est là, on va pouvoir aller s’installer. Merde, c’est déjà bientôt l’heure! Mon stress se réveille un peu. On passe une petite porte, on monte une escalier, et là on se retrouve dans ce qui passerai pour la maison de vacances de Manson. Le Black Calvados, restaurant branché ambiance dark. Murs, tables, chaises, rideaux, tout est noir. Aux murs, une lignée d’ampoules à faible puissance éclairent tant bien que mal la salle. Les caméramen sont tous en alerte (« Mais comment on va faire??!!), finalement, on ouvre deux trois rideaux et tout rentre dans l’ordre.
Je dégaine mon dictaphone, je vérifie soixante-trois fois qu’il tourne bien. Christophe Dumont (pas celui que j’ai connu à la fac mais son homonyme de Rock in Chair) a le même que moi, du coup, on forme l’élite des dictaphones à cassette. Oui les autres ont des MD ou des Mp3, mais je trouve que c’est un peu facile. Tout s’organise peu à peu, on dispose tous notre matos comme on peut, sur la table où il va prendre place, les caméramen règlent leur cadre…tous ceux qui comme moi doivent appuyer sur « REC » au dernier moment pour ne pas perdre de la bande attendent comme des cons à côté de la table pour prévoir le coup deux minutes avant qu’il arrive. Il fait super chaud, j’ai les mains moites, les pieds poites, la culotte en vrac, je n’en peux plus! Heureusement, je ne suis pas la seule, une nana à côté de moi m’avoue être plus stressée que pour ses oraux!
Bien évidemment pour me détendre je dis de la merde mais ça ne marche plus, je suis au top de l’excitation. Le téléphone de Delphine sonne, c’est le signal de son arrivée. On court appuyer sur « REC » quite à perdre deux minutes de bande. Je m’assieds sur un fauteuil d’angle, de là où je suis je le verrai de profil, c’est cool. Environ deux mètres me sépareront de lui. Je suis à deux doigts de l’hystérie totale.
Et là, il arrive. Je le sais parce que deux secondes avant je l’ai vu traverser la rue. C’était mon premier contact visuel avec Manson vrai, c’était émotion! Il entre, il est grand, très grand, perfecto noir, t-shirt noir estampillé Viper, pantalon noir et grosses rangos noires. Les yeux bordés de maquillage, faux cils super longs en prime, et le fameux rouge à lèvres qu’on a envie de bouffer. C’est bien lui.
Et là, comme à chaque fois que je vis un événement de cette importance, après un stress sans aucune mesure, de l’excitation à fond je passe directement à l’absence de tout sentiment. Je suis tellement impressionnée que je bloque. La conférence commence (pour la lire sur Santagore, c’est là), les questions arrivent, il répond, déconne, explique et moi, je ne peut détourner mon regard, je suis en transe, c’est Marilyn Manson! Et ça va durer comme ça pendant plus de vingt minutes, je vais bloquer, encore plus quand la fille à côté de moi posera une question, et qu’il se tournera vers nous pour répondre. Je vois ses yeux, tous rouges dedans (certains mettront ça, joliement, sur le compte de la tristesse et de la mélancolie, mais on sait de quoi ça vient!), sa bouche qui parle, cette même bouche qui chante tous ces morceaux que j’écoute à longueur de temps.
Et il continue de parler, d’expliquer, de donner son avis, ce mec est toujours aussi intelligent, c’est un régal. Pas prise de tête pour un sou, honnête, je suis émerveillée. Je ne poserai pas de question bien sûr, faute de temps et de couilles aussi. Mais quand arrive la fin, je suis totalement hallucinée. D’un coup c’est fini, il se barre, nous salue à nouveau et repart faire sa vie.
Je me rue sur mon dictaphone, je rembobine et je réécoute. C’est bon, le son est assez bon, on entend bien! Royal!
On sort de là, je plane, je remercie Delphine qui réalise sans s’en douter, un de mes rêves, je retrouve mes collègues de webzines en bas. On compare nos impressions, on échange numéros et adresses mail et on se quitte. Je retourne à Austerlitz, je plane encore. Je ne réalise toujours pas ce que je viens de vivre. Dans le train, j’écoute du Manson, pour réaliser. J’ai des millions de pensées dans la tête, des phrases, des résonnance de sa voix…et à un moment je finis par réaliser. Là, un sourire digne du chat d’Alice se greffe sur mon visage. Putain, je l’ai vu! J’ai envie d’éclater de rire, mais je me maîtrise, la femme à côté de moi risquerait de prendre peur.
Une fois chez moi, je suis à 100 à l’heure, je répète, pendant au moins de jours, « M’en fous, j’ai vu Manson en vrai« . Je réécoute la bande, et j’hallucine encore et toujours.
Celle-là, je vais pas l’effacer de si tôt.
salope :*